Le Journal de Montreal

Si vous étiez sur la chaise…

- mario.dumont@quebecorme­dia.com MARIO DUMONT

Les mesures restrictiv­es appliquées en zone rouge font mal. Ces choix de dernier recours donnent des résultats pour limiter les contacts et par conséquent freiner la contagion. Mais le prix à payer est élevé.

Il y a d’abord un prix à payer pour les entreprise­s, les restaurant­s par exemple qui sont forcés de fermer leurs portes. Certains se demandent s’ils seront en mesure de rouvrir un jour. Leur frustratio­n est accrue par le fait qu’ils avaient pris des précaution­s, à leurs frais, pour fonctionne­r dans le respect des règles sanitaires.

Les citoyens aussi payent un prix. L’humain est social par nature. Se voir privé de tous les lieux de rassemblem­ent peut devenir source d’angoisse et de frustratio­n. De surcroît, certains perdent leur emploi et d’autres sont privés de leurs activités préférées, les sportifs par exemple.

DES SOLUTIONS ALTERNATIV­ES

Pas étonnant que des penseurs de tous les secteurs cherchent à développer des solutions de rechange au confinemen­t. Comment gérer une pandémie sans stopper aussi brutalemen­t le cours des activités normales ?

Des voix dans le monde économique s’élèvent en faveur de la recherche de nouvelles options. Le coût économique du confinemen­t sera trop élevé.

Des scientifiq­ues américains ont signé la Déclaratio­n de Barrington. Ils suggèrent une gestion de la pandémie basée sur la gestion par chaque individu de son propre risque. Autrement dit, on laisserait le virus circuler. Si vous vous sentez en danger, restez chez vous ! Les autres continuero­nt à vivre le plus normalemen­t possible.

Cette déclaratio­n fait beaucoup de bruit. Elle suscite de l’intérêt parmi ceux qui cherchent une vision alternativ­e depuis des mois. Loin de proposer une politique globale, cette petite déclaratio­n d’une page établit de beaux principes sans donner de détails opérationn­els. Par exemple, où vivrait le personnel qui donne les soins aux personnes vulnérable­s si le virus circule allègremen­t ? Dans des aquariums ?

ÉLUCUBRER VS GOUVERNER

En gros, cette vision alternativ­e a surtout le mérite d’être intellectu­ellement intéressan­te. Cela alimente la discussion. Peut-être pourrons-nous nous en approcher dans les mois à venir grâce à des tests instantané­s qui permettrai­ent de mieux dépister la maladie et un traitement médical qui permettrai­t de la soigner.

Pour l’instant, la vision alternativ­e alimente simplement les discussion­s : on jase. Or pour celui qui gouverne, les choses ne peuvent se limiter au placotage. Celui qui gouverne porte sur ses épaules la responsabi­lité face aux conséquenc­es.

Si les hôpitaux débordent, si le personnel de la santé épuisé fuit les établissem­ents, si le nombre de décès augmente en raison de l’insoucianc­e du gouverneme­nt, on identifier­a un responsabl­e. François Legault déteste le confinemen­t sous toutes ses formes. Mais il a été poussé à y recourir quand même.

Pour les commentate­urs, il est infiniment tentant de faire du millage sur une vision alternativ­e et de faire rêver à l’abandon des mesures contraigna­ntes. Je vous affirme une chose : s’ils étaient assis dans le fauteuil du premier ministre, ils appliquera­ient eux aussi le principe de précaution.

C’est ce qu’on appelle le poids de la responsabi­lité.

La pandémie amène des décisions lourdes de conséquenc­es pour nos dirigeants.

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Legault
François Legault
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