Le Journal de Montreal

La nouvelle Inquisitio­n

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

La scène se passe à l’époque des grands procès religieux.

– Reconnaiss­ez-vous la présence du Malin en vous ?, demande l’inquisiteu­r. Reconnaiss­ez-vous qu’il vous domine ? Qu’il vous hante, peut-être malgré vous ?

– Non. Je ne suis pas possédé, répond l’accusé. Je n’ai pas à lutter contre le diable en moi, puisqu’il n’est pas en moi !

– C’est bien la preuve que vous êtes possédé ! Mais si vous l’avouez, j’y verrai une preuve de votre bonne volonté. Reconnaîtr­e la présence du démon en soi, c’est faire un premier pas pour s’arracher à son emprise !

RELIGION

– Et pourtant, je ne suis pas possédé. – Nous ne pouvons plus rien pour lui. Son âme est perdue.

Et soudaineme­nt, la foule se rassemble rageusemen­t autour du possédé pour hurler : « Arrière, Satan ! Nous ne voulons plus de toi en ce monde ! »

Vous me voyez venir.

La scène est récente, finalement. Mais elle concerne la théorie du racisme systémique.

On pourrait aussi parler d’une meute de journalist­es du complexe Radio-Canada/La Presse agressant sans la moindre gêne le premier ministre du Québec à chaque conférence de presse pour lui faire « avouer » que le Québec est possédé par le racisme systémique. Ils confisquen­t ainsi l’actualité pour la soumettre à leur obsession idéologiqu­e.

Cette campagne relève du harcèlemen­t médiatique. Toutes les ligues de vertu provincial­es y participen­t. Il s’agit désormais de montrer qu’on est du bon côté de la morale. On dénonce le racisme systémique comme autrefois on faisait ses prières. Systémique ! Systémique ! Systémique ! Plus on le répète, plus on s’en convainc.

On en trouve plusieurs qui, hier encore, ne seraient pas parvenus à définir le terme et qui, aujourd’hui, se scandalise­nt qu’on ne l’emprunte pas. D’ailleurs, ses définition­s se multiplien­t au point de se contredire.

Qu’importe le flacon conceptuel, pour peu qu’on ait l’ivresse de l’indignatio­n !

Les pétitions s’accumulent, chacun veut en signer une, de peur qu’on remarque son absence.

Parmi ces signataire­s, plusieurs savent probableme­nt que tout cela relève de la transe mystique et n’adhèrent pas à la théorie en question, mais ne veulent d’aucune manière qu’on ne le sache, de peur de subir un procès à leur tour. Alors, ils se couchent.

On voit aussi des éditoriali­stes qui se prennent pour des évêques et somment le gouverneme­nt d’enfin se mettre à genoux pour s’excuser d’avoir si longtemps erré. Ils sont bien prêts à lui pardonner. À condition qu’il se repente.

REPENTANCE

À la rigueur, ils expliquent le fait que François Legault leur tient tête par calcul politique. Il saurait que le racisme systémique est partout, mais refuserait de l’admettre pour ne pas heurter sa base électorale supposémen­t ignare. S’il pouvait au moins se sortir du piège populaire, et guider son peuple en l’arrachant à ses préjugés ! Mais non, il le flatte comme une grosse bête !

Notre époque, quoi qu’on en dise, est religieuse et fanatique. Elle a ses exorcistes, ses évêques, ses curés, ses dévots, et ses hérétiques.

Et ces derniers, elle veut les brûler au bûcher médiatique. Ou les jeter à la horde des lapidateur­s haineux des médias sociaux.

 ??  ?? Nous sommes témoins d’une campagne de harcèlemen­t médiatique.
Nous sommes témoins d’une campagne de harcèlemen­t médiatique.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada