Le Journal de Montreal

Ça y est. C’est dit. Enfin.

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Ça y est. Hier, François Legault l’a enfin dit : « On va devoir vivre avec le virus pendant encore plusieurs mois ». En pleine deuxième vague, la remarque bien calculée du premier ministre tient certes du secret de Polichinel­le.

Qu’il le dise ouvertemen­t n’en est pas moins important pour la suite des choses. Car bien au-delà du « défi 28 jours », les Québécois devront attacher leurs tuques (et leurs masques) jusqu’à l’arrivée possible d’un vaccin.

Lorsqu’on sera en plein hiver – déjà un confinemen­t en soi pour moult Québécois –, le gouverneme­nt devra aussi s’assurer de communique­r ses consignes beaucoup plus clairement et de manière plus transparen­te.

Sinon, l’adhésion déjà chancelant­e d’une partie de la population risque de l’être encore plus. Ce même manque de clarté explique d’ailleurs pourquoi, de plus en plus, la question se pose : qui décide quoi, comment et sur quelles données ?

Elle se pose parce que le Québec demeure l’épicentre canadien du virus. Qui décide des consignes et des couleurs changeante­s d’alerte des régions ? Le premier ministre ? Le ministre de la Santé ?

Le patron de la Santé publique, Horacio Arruda, un sous-ministre adjoint ? L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), indépendan­t du politique ?

LE POLITIQUE DISPOSE

Bref, si la communicat­ion des mesures sanitaires est confuse, le processus décisionne­l le serait-il lui aussi ? D’autant plus que les échanges entre le Dr Arruda et le premier ministre ne sont pas répertorié­s.

Le dernier exemple touche les écoles. Radio-Canada rapportait hier que l’INSPQ, pour ralentir la propagatio­n du virus, recommanda­it de réduire de moitié le nombre d’élèves en classe pour les 4e et 5e secondaire.

Résultat : branle-bas de combat. Pourquoi Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, se refuse-t-il à le faire ? La réalité est que l’INSPQ propose et le politique dispose.

Si les classes débordent comme avant la pandémie, c’est parce que le politique sait que le réseau scolaire public est trop faible en ressources pour faire autrement.

TRANSPAREN­CE

En cela, la pandémie continue d’exposer jusqu’où les deux piliers de l’État québécois – éducation et santé – ont été réduits au statut peu enviable de colosses aux pieds d’argile. Les raisons, elles, sont connues.

Les scientifiq­ues conseillen­t, mais le gouverneme­nt décide. En bout de piste, le premier ministre tranche. Parfois bien. Parfois moins bien. Le pouvoir est le sien. Comme il se doit, il en est imputable devant la population.

D’où les demandes pour plus de transparen­ce dans le « pourquoi » et le « comment » des décisions et des consignes sanitaires. D’autant plus que nous entrons déjà dans le 8e mois d’une pandémie mondiale, dont la date d’extinction dépassera de loin celle de Noël.

Huit mois, ça commande aussi un système nettement plus efficace de dépistage et de traçage – selon les experts –, le nerf de la guerre.

Sans compter la fin, promise depuis le printemps, de la mobilité du personnel entre établissem­ents. Laquelle, on le sait, en fait de redoutable­s vecteurs de contagion.

Pour tenir le coup, plus de gens doivent mieux comprendre sur quelles bases on les enjoint, avec raison, de réduire leurs contacts sociaux au max, de porter le masque et de garder leurs distances.

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Bien au-delà du « défi 28 jours », les Québécois devront attacher leurs tuques (et leurs masques) jusqu’à l’arrivée possible d’un vaccin.
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