Le Journal de Montreal

L’éditeur Michel Brûlé déclaré coupable d’agression sexuelle

La plaignante voulait le rencontrer pour des projets d’écriture en 2014

- KATHLEEN FRENETTE

Parce que sa version de l’histoire était en partie « invraisemb­lable » et qu’il ne s’est jamais soucié d’obtenir le consenteme­nt de sa victime pour poser sur elle des gestes à caractère sexuel, l’éditeur Michel Brûlé a été reconnu coupable d’agression sexuelle.

C’est à travers un écran, ayant fait le choix de demeurer chez lui pour entendre le jugement du juge Sébastien Proulx, que Brûlé a compris que la version de l’histoire qu’il a offerte au tribunal en février 2020, lors de son procès, n’a pas été crue.

Dans la salle, la victime de Brûlé prenait place au côté de l’un des enquêteurs du Service de police de la Ville de Québec qui l’a accompagné­e lorsqu’elle a décidé de porter plainte dans la foulée du mouvement #MoiAussi, après avoir pris conscience de la gravité des gestes qui avaient été commis à son endroit.

« Le soir de sa rencontre avec l’accusé, la plaignante cherchait un partenaire d’affaires sérieux et non une aventure d’un soir », a d’ailleurs rappelé le président du tribunal.

PARALYSÉE DE TERREUR

Rappelons qu’en 2014, la victime était pleine de projets d’écriture lorsqu’elle a contacté l’éditeur à la tête de la maison d’édition Les Intouchabl­es.

Après avoir échangé quelques courriels, un rendez-vous a été fixé dans les bureaux de la maison d’édition.

Toutefois, lorsque la jeune femme est arrivée à l’adresse indiquée, elle a compris que ceux-ci se trouvaient dans la résidence privée de l’éditeur.

Après plusieurs minutes, Brûlé est monté à l’étage « se brosser les dents, se raser la barbe et se raser le crâne ». C’est alors qu’il a invité la femme à prendre une douche, ce qu’elle a refusé.

« Elle est figée. Elle veut quitter l’endroit, mais en est incapable. L’accusé s’approche d’elle, déboutonne sa chemise, l’embrasse, lui touche les seins, les fesses, le pubis », a rappelé le magistrat en ajoutant que la victime avait finalement réussi à prendre la fuite, complèteme­nt paniquée.

« Il ne subsiste donc aucun doute raisonnabl­e dans l’esprit du tribunal, qui déclare l’accusé coupable », a conclu le juge Proulx.

JUGEMENT EN APPEL ?

À la suite du jugement prononcé, l’avocat de Brûlé, Me Laurent Morin, a demandé qu’un rapport présentenc­iel soit produit pour éclairer le juge lors des représenta­tions sur la peine, qui devraient avoir lieu en janvier.

Au sortir de la salle, il a également fait savoir que la décision rendue allait être analysée en profondeur et qu’il n’excluait pas de la porter en appel.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Michel Brûlé, ici lors d’une présence au palais de justice de Québec le 24 février, a commis des gestes à caractère sexuel sur une femme qui avait finalement réussi à prendre la fuite, complèteme­nt paniquée, a rappelé le juge hier.
PHOTO D’ARCHIVES Michel Brûlé, ici lors d’une présence au palais de justice de Québec le 24 février, a commis des gestes à caractère sexuel sur une femme qui avait finalement réussi à prendre la fuite, complèteme­nt paniquée, a rappelé le juge hier.

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