LA ROUTE LA PLUS DANGEREUSE DU QUÉBEC
La sortie de la route 132 qui mène vers le tunnel Louis-H.-La Fontaine est le tronçon routier où il y a eu le plus de blessés depuis 2014 au Québec.
Malgré toutes les interventions policières, les échangeurs autoroutiers sont les endroits où les automobilistes courent le plus grand risque de collision, révèle une analyse inédite de quelque 435 000 accidents survenus au Québec entre 2014 et 2019.
Notre Bureau d’enquête vous présentera demain une grande carte et un puissant outil interactif en ligne qui montrent précisément les endroits les plus dangereux du réseau routier québécois (voir en page 2).
C’est à Québec que se trouve le tronçon où l’on compte le plus d’accidents, soit sur l’autoroute 40, à l’intersection du boulevard Pierre-Bertrand.
Entre 2014 et 2019, nous y avons calculé 668 accidents qui ont fait 100 blessés.
Environ 220 000 véhicules y circulent chaque jour, ce qui en fait le tronçon où le débit est le plus important dans la région, sans toutefois dépasser ceux de plusieurs tronçons montréalais.
Si on s’intéresse aux accidents qui ont causé le plus de blessés, l’endroit le plus dangereux est l’échangeur de la route 132 et de l’A25, près du tunnel Louis-Hippolyte La Fontaine à Longueuil.
Mélanie Dumaresq, porte-parole de la Sûreté du Québec, blâme le comportement des automobilistes pour les problèmes à cet endroit.
« Les gens ne respectent pas la ligne continue pour accéder à la bretelle [de la 132] qui mène vers le tunnel. Ils coupent les voies et c’est là qu’arrivent des collisions », explique-t-elle.
CONSTATS D’INFRACTION
Le problème est tel que depuis quelques années, la Sûreté du Québec utilise un avion à l’automne pour surveiller cet endroit.
Cette année, l’appareil n’a pas été utilisé, mais ça n’a pas empêché les patrouilleurs de distribuer 30 constats d’infraction en seulement deux heures, le 8 octobre.
Le ministère des Transports du Québec (MTQ) effectue d’ailleurs un projet pilote de marquage des directions au sol, un peu en amont de la sortie problématique, dans l’espoir de diminuer les changements de voie soudains.
« Des comparaisons avant-après seront effectuées (débits et vitesses) et des vidéos permettront de comparer les comportements délinquants en période de congestion routière », précise le porte-parole du MTQ Nicolas Vigneault.
Une des principales causes d’accidents est la congestion récurrente du tunnel qui, « par effet domino », a des répercussions sur la fluidité de la circulation, ajoute-t-il.
FORT DÉBIT ET ENTRECROISEMENT
Nicolas Saunier, professeur spécialiste de sécurité routière à Polytechnique Montréal, rajoute que le nombre élevé d’accidents sur les échangeurs s’explique en raison du fort débit et du fait que les routes s’entrecroisent.
« Cette combinaison de mouvements fait qu’il y a des points de conflit où les flux se croisent et où c’est plus dangereux », dit-il.
Les carrefours giratoires installés à la sortie d’une bretelle d’échangeur sont de plus en plus nombreux, et c’est une piste intéressante pour sécuriser ces endroits, ajoute-t-il.