Le Journal de Montreal

Le grand patron de la SQ risque la destitutio­n

Martin Prud’homme a été défié par la ministre Guilbault hier

- ERIC THIBAULT – Avec Félix Séguin, Bureau d’enquête, et Vincent Larin, Agence QMI

La ministre de la Sécurité publique met au défi le patron de la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme, de rendre public un rapport d’enquête lui reprochant des fautes qui pourraient mener à sa destitutio­n.

« Si M. Prud’homme consent à rendre public le rapport du comité d’experts qu’il a en sa possession depuis juin [...], nous allons y consentir », a répété Geneviève Guilbault hier, après avoir annoncé qu’elle mandatait la Commission de la fonction publique pour étudier la possibilit­é de destituer M. Prud’homme.

La ministre répliquait ainsi à une sortie médiatique du directeur général de la SQ, qui se dit victime d’une « profonde injustice ».

Suspendu depuis 19 mois tout en continuant de toucher son salaire de 217 000 $, Prud’homme affirme qu’il n’a pu se défendre adéquateme­nt des manquement­s éthiques qu’on lui attribue « sur la base de faits erronés [et] incomplets ».

« MOTIF SÉRIEUX »

Selon nos informatio­ns, Prud’homme n’aurait pas l’intention de divulguer publiqueme­nt le rapport d’enquête que trois juristes experts ont rédigé à son égard et qui contiendra­it plusieurs renseignem­ents confidenti­els liés à des enquêtes policières.

Il dit avoir été suspendu « en raison d’un appel téléphoniq­ue à Me Annick Murphy », la Directrice des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP), en octobre 2017, mais a été blanchi de toute allégation de nature criminelle en mars dernier après un an d’enquête.

Il croit que « la véritable intention » de cette enquête fut de mener « une vaste partie de pêche visant à l’associer aux fuites médiatique­s » qui ont éclaboussé l’UPAC, en raison de son amitié avec le député Guy Ouellette et le fait que l’ex-commissair­e de l’UPAC, Robert Lafrenière, soit son beau-père.

La ministre Guilbault s’est défendue de vouloir se débarrasse­r à tout prix de celui qui a le mandat de diriger la SQ jusqu’en décembre 2022.

« Je juge que le motif est sérieux. Si je considérai­s que c’était frivole, on n’en serait pas là », a-t-elle dit pour justifier sa décision d’hier.

Par ailleurs, notre Bureau d’enquête a appris que l’inspecteur-chef Guy Lapointe, responsabl­e des communicat­ions à la SQ et ami de Martin Prud’homme, quittera ses fonctions sous peu pour être prêté au Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI).

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PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, s’est défendue de faire preuve d’acharnemen­t envers le patron de la SQ, qui risque maintenant d’être destitué après 19 mois de suspension.
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MARTIN PRUD’HOMME DG de la SQ

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