Le Journal de Montreal

Une tâche plus ardue que celle de René Lévesque

- MARIO DUMONT Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont@quebecorme­dia.com

Paul St-Pierre Plamondon a connu une bonne première semaine. Il a présenté des points de vue lucides sur les défis qui l’attendent. Il a jeté les bases d’une réconcilia­tion avec un caucus qui lui était initialeme­nt hostile. Malgré quelques prises de position fragiles, il a évité les gros pièges.

La tâche qui l’attend désormais apparaît néanmoins herculéenn­e. J’oserais dire que son chemin vers le succès est sur une pente encore plus abrupte que celle que devait affronter René Lévesque lorsqu’il a fondé ce nouveau parti, le PQ, en 1968.

D’abord, je crois qu’il est plus facile de vendre à la population l’image d’un nouveau parti que de convaincre les gens qu’on a rénové un bolide accidenté. Chez les jeunes en 2020, le PQ passe pour un vieux parti. Nous sommes à des années-lumière de la frénésie qui existait pour le PQ sur les campus à une époque.

L’ARGENT

Le PQ sous René Lévesque partait avec pas un sou. Or la situation est pire aujourd’hui. Paul St-Pierre Plamondon prend la direction d’un parti qui traîne des dettes importante­s. Un fardeau de plus sur le chemin de la reconquête de l’électorat.

Pour faire progresser son nouveau parti, René Lévesque jouissait d’un énorme avantage. Il pouvait surfer sur la vague des appuis des mouvements sociaux, des artistes et des syndicats. Surtout, ces gens étaient pas mal plus enclins à s’exprimer publiqueme­nt sur la politique qu’aujourd’hui.

Même parmi les journalist­es, la sympathie envers le Parti québécois était assez répandue. Personne ne doute que l’appui à la souveraine­té était très majoritair­e parmi les journalist­es baby-boomers qui couvraient la politique pendant l’ascension du PQ.

Paul St-Pierre Plamondon ne bénéficie d’aucun vent dans les voiles semblable, émanant de la société. Il ne peut compter que sur lui-même pour créer une vague favorable envers son parti. À bras, à la rame.

Ajoutons que sans rien enlever à ses qualités, le nouveau chef péquiste n’est pas René Lévesque. Ce dernier avait déjà tout un bagage avant de fonder le PQ. Il avait été le vulgarisat­eur chouchou de la télé. Il avait piloté la nationalis­ation de l’électricit­é à titre de ministre responsabl­e. Il était connu de tous et jouissait d’une solide réputation.

Paul St-Pierre Plamondon demeure un inconnu pour une bonne partie de la population. Il a de bons diplômes et une intéressan­te carrière, mais rien qui n’ait encore marqué le grand public.

DES ATOUTS

Donnons-lui ce qui lui revient. Il vient de réaliser un accompliss­ement politique notable.

Dans une campagne où le premier sondage lui donnait 5 %, il a remporté une victoire convaincan­te. Il a travaillé à l’arraché et performé autant dans le financemen­t, le recrutemen­t que la persuasion. Ce sont des clés pour attaquer la prochaine étape. Il a surtout montré du courage et du talent.

Rebâtir est son mot clé. Une vision indépendan­tiste crédible, un programme étoffé, de nouveaux visages qui adhèrent et une image de parti à refaire. Gros boulot.

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Rebâtir le PQ aujourd’hui représente une tâche plus ingrate que de le fonder la première fois.
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