Encore une enquête au CHUM
L’hôpital achetait presque tous ses vêtements pour grands brûlés auprès d’un fournisseur sans appel d’offres
Le Centre hospitalier universitaire de Montréal a été forcé de mettre fin à une entente secrète avec son fournisseur de vêtements pour les grands brûlés qu’il favorisait depuis des années.
Depuis plusieurs années, le CHUM fait presque exclusivement affaire avec un seul fournisseur, Médicus, pour l’achat de ses fournitures. Le tout sans appel d’offres et sans contrat rendu public, contrairement à la normale.
Les produits servent principalement au Centre de réadaptation Villa Médica, le partenaire du CHUM pour la réhabilitation des grands brûlés.
À la fin du mois d’août, l’Autorité des marchés publics (AMP) a déclenché une enquête au CHUM après une plainte de l’entreprise Stomo Médical, un concurrent de Médicus.
Stomo Medical, dont la filiale Recovery Garment Centre est spécialisée dans la confection de vêtements compressifs sur mesure pour les grands brûlés, soutient que le CHUM favorise un seul fournisseur dans ce domaine.
« Il y a un manque de transparence. Il y a un gros fournisseur qui est favorisé par le manque de gouvernance au CHUM, qui ne respecte pas les normes d’attribution de contrats par appels d’offres », plaide Alexandre Vigeant de Stomo Médical.
BEAUCOUP D’ARGENT
Le CHUM achète pour environ 325 000 $ à Médicus chaque année, soit 95 % de ses achats de vêtements pour les grands brûlés selon des documents obtenus par Stomo Médical et consultés par notre Bureau d’enquête. Le CHUM a refusé de dévoiler les montants exacts.
Michel Lanctôt, du Groupe Médicus, a admis qu’il vendait des produits et services pour les grands brûlés grâce à « une entente depuis quelques années avec le CHUM ».
« Moi, je suis une compagnie privée, je n’ai pas d’affaire à répondre à ce genre de questions, a dit M. Lanctôt pour refuser de s’expliquer. Ce n’est pas de vos affaires. Je n’ai pas d’obligation envers le public. C’est au CHUM à répondre. »
APPEL D’OFFRES SOUDAIN
La plainte de Stomo Médical a été déposée cet été et l’enquête a été ouverte par l’AMP le 28 août.
Un mois plus tard, le CHUM a pour la première fois publié un appel d’offres pour « faire l’acquisition de vêtements compressifs sur mesure pour la clientèle victime de brûlure grave ».
Le CHUM n’a pas voulu expliquer la publication soudaine de l’appel d’offres ainsi que l’existence d’une entente secrète avec le Groupe Médicus.
« Dans le contexte particulier de ce dossier, nous ne commenterons pas davantage », a simplement mentionné la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne, plaidant que l’organisation a entamé des discussions avec l’AMP.
Depuis 2012, le Groupe Médicus est détenu à 46,5 % par le Groupe Jean Coutu. L’épicier Metro, qui a fait l’acquisition du groupe en 2017, est ainsi copropriétaire de Médicus.
« Nous ne gérons pas les opérations de l’entreprise et par conséquent, n’avons pas été impliqués dans l’enquête et le contrat », a mentionné la chef des communications du groupe, Catherine Latendresse.