Le Journal de Montreal

Trois accidents dans la cour de sa garderie en deux mois

Ni sa municipali­té ni le ministère des Transports ne semble bien pressé d’agir

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Une mère de famille de la Montérégie réclame qu’on trouve un moyen de réduire la vitesse sur la route près de sa maison après avoir vécu trois accidents en deux mois sur son terrain.

« Je ne vais pas attendre qu’il y ait un mort pour bouger ou qu’un de mes enfants soit sur le terrain et se fasse frapper », lance Éryka Pomerleau, mère de trois fillettes de 1, 4 et 5 ans.

Elle demeure depuis sept ans sur le chemin Saint-Louis, à la jonction du rang du Dix, à Saint-Étienne-de-Beauharnoi­s. Elle y exploite un service de garde à la maison.

« Dans le rang, c’est de la vitesse, de la boisson, des courses. On dirait que ça a toujours été accepté. Mais avec le nouveau développem­ent [domiciliai­re], ça n’a plus aucun sens, déplore Mme Pomerleau. Il y a des enfants partout. L’école primaire est à côté. »

PRÈS DE LA CHAMBRE D’ENFANT

Le 14 août dernier, vers 22 h, un véhicule qui roulait sur le rang du Dix s’est embouti sur sa maison.

« Le conducteur était en vitesse et en boisson. On a tapé sur sa voiture et on a même tenu sa poignée pour lui dire de s’arrêter. Mais il s’est enfui pareil, raconte la mère de famille. Si je n’avais pas une constructi­on en béton, il passait au travers et aurait fini dans la chambre des enfants. »

Le suspect aurait été arrêté une heure plus tard à Ormstown, en Montérégie.

Samedi matin, peu après 6 h, l’histoire s’est répétée.

Un véhicule qui circulait sur le rang du Dix « à minimum 100-140 km/h » dans la zone de 50 km/h, précise-t-elle, a percuté la clôture qui sépare son terrain de celui du voisin, a confirmé la Sûreté du Québec. Un garage, une remorque et un bateau auraient aussi été endommagés.

Entre ces deux collisions, la voiture de son conjoint se serait aussi fait percuter dimanche dernier au même endroit, « encore en lien avec la vitesse », selon Éryka Pomerleau.

PAS DE SENTIMENT D’URGENCE

La résidente a commencé à se battre pour une nouvelle signalisat­ion il y a deux ans, après que son chien se soit fait happer par une voiture circulant à haute vitesse. Il est mort sur le coup.

« Malgré mes démarches, rien n’a changé », lâche-t-elle.

Puis, il y a un mois, elle s’est présentée au conseil municipal avec d’autres citoyens pour y proposer plusieurs recommanda­tions.

« Un dos-d’âne ; un panneau clignotant ; une lumière ; une pancarte qui annonce la fin de la route ; des lampadaire­s pour mieux éclairer le coin », détaille Mme Pomerleau, qui ne sait plus qui interpelle­r pour que les choses bougent.

La municipali­té lui répond de s’adresser au ministère des Transports du Québec (MTQ), qui, lui, réplique qu’une « demande de modificati­on impliquant une route sous la gestion du ministère doit provenir de la municipali­té concernée », peut-on lire dans un courriel du MTQ consulté par Le Journal.

« On est plusieurs citoyens à avoir fait des plaintes au ministère, mais on fait rire de nous. Personne ne nous prend au sérieux. On a même pensé vendre cette semaine », se désole la mère de famille « maintenant médicament­ée pour dormir » tellement elle est inquiète.

Selon les données colligées par notre Bureau d’enquête, neuf accidents sont survenus à cet endroit de 2014 à 2019.

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PHOTOS COURTOISIE Éryka Pomerleau et ses trois fillettes devant sa maison de Saint-Étienne-de-Beauharnoi­s. En mortaise, sa clôture détruite par un des fous de vitesse.

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