Cauchemar à l’institut de cardiologie de Québec
Les conséquences de l’éclosion de COVID-19 demeurent préoccupantes
Avec un taux de mortalité alarmant, l’Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) se démène à armes inégales devant le virus pour limiter les conséquences dramatiques de l’éclosion de COVID-19.
Une vingtaine de patients hospitalisés à l’IUCPQ sont atteints. Le coronavirus s’avère impitoyable pour les malades souffrant de problèmes cardiaques ou pulmonaires. Jusqu’ici, le taux de mortalité pour les patients atteints est d’environ 16 % à l’institut, selon nos informations.
Malgré un dépistage massif effectué la semaine dernière et un autre prévu cette semaine, « la situation demeure préoccupante », lance en entrevue le Dr Mario Sénéchal, le directeur du programme d’insuffisance et de transplantation cardiaque du centre hospitalier.
Ce dernier a d’ailleurs un message pour ceux qui comparent la grippe saisonnière à la COVID-19. Il constate la différence chaque jour à l’institut.
« C’est vraiment n’importe quoi ! » peste le cardiologue.
« Les gens qui prétendent le fait que c’est comme la grippe […] n’ont juste pas vu de patients hospitalisés et des patients mourir ».
Le taux de mortalité est incomparable avec la grippe, explique-t-il. La principale étude de l’Université Columbia à ce sujet révèle que 25 % des patients hospitalisés qui contractent la COVID-19 après avoir subi une transplantation cardiaque en meurent.
MORT APRÈS UNE GREFFE
Cette situation dramatique s’est récemment produite à l’IUCPQ, a-t-on appris. Un patient qui avait enfin pu recevoir un coeur est mort après avoir été infecté par la COVID-19.
Le Dr Sénéchal n’a pas pu commenter ce cas précis.
Mais pour lui, les ravages de la COVID-19 n’ont rien de « banal ». Il précise que ce taux de mortalité pour des patients transplantés est aussi élevé indifféremment de l’âge.
Si la COVID-19 frappe aussi fort les patients atteints de ce type de condition médicale, c’est que le virus peut provoquer une atteinte pulmonaire, ce qui pourra faire baisser leur oxygène. Les reins, le foie et le coeur peuvent ainsi être fragilisés.
La situation est trop dangereuse pour continuer les transplantations cardiaques, a statué l’IUCPQ qui les a interrompues depuis le 2 octobre.
À partir de cette semaine, une salle isolée de l’ICUPQ sera disponible pour des cas extrêmement urgents. Une transplantation a été reportée jusqu’ici et depuis septembre, près de 30 % des chirurgies non urgentes ont été repoussées.
Pour le Dr Sénéchal, pas question de reprendre les transplantations non urgentes à court terme.
« C’est trop risqué, insiste-t-il. Ce n’est pas juste une ou deux semaines, ou un ou deux dépistages massifs qui vont me rassurer. Moi j’ai besoin de beaucoup de temps […] Et ça, ce n’est pas une question de jours et ce n’est pas non plus une question de semaines. C’est une question qui est plus longue que ça. »
« LES GENS QUI PRÉTENDENT LE FAIT QUE C’EST COMME LA GRIPPE, C’EST VRAIMENT N’IMPORTE QUOI ! C’EST PARCE QU’ILS N’ONT JUSTE PAS VU DE PATIENTS HOSPITALISÉS OU DE PATIENTS MOURIR ».
– Dr Mario Sénéchal, cardiologue et directeur du programme d’insuffisance et de transplantation cardiaque de l’IUCPQ