Le Journal de Montreal

Desjardins accusé d’avoir fait de l’évitement fiscal

D’anciens travailleu­rs estiment qu’on a omis de les déclarer comme salariés

- HUGO JONCAS

D’anciens représenta­nts hypothécai­res de Desjardins reprochent au Mouvement d’avoir fait pour plus de 20 millions $ en évitement fiscal en traitant 290 salariés comme des travailleu­rs autonomes.

Ils lui reprochent aussi d’avoir omis de payer plus de 30 millions $ en indemnités de vacances et de jours fériés, auxquelles les salariés ont droit en vertu des normes du travail.

La Cour canadienne de l’impôt et Revenu Canada ont même rendu une série de décisions qui penchent en leur faveur, mais Desjardins les conteste.

Les juges et les fonctionna­ires ont conclu que six de ses anciens représenta­nts hypothécai­res étaient bien des salariés, et non des travailleu­rs autonomes.

Pour chaque employé, une entreprise doit payer des milliers de dollars en cotisation­s obligatoir­es, qu’elle n’a pas à débourser pour un travailleu­r autonome.

Dans ces dossiers, seulement quelques personnes sont concernées. Mais si les décisions sont confirmées, le fisc pourrait demander des comptes à Desjardins pour l’ensemble de ses représenta­nts hypothécai­res.

Ses anciens travailleu­rs ont confié leurs démarches à une consultant­e fiscale, Mercedes Diaz. Elle estime que le Mouvement aurait dû verser plus de 22 M$ en cotisation­s obligatoir­es pour 290 salariés, depuis 2007 (voir encadré).

COTISATION­S À VENIR ?

Pour le fiscaliste Luc Lacombe, ses calculs tiennent la route, et le gouverneme­nt pourrait bien décider de faire cotiser massivemen­t le Mouvement s’il perd ses appels.

« Les autorités peuvent remonter quatre ans en arrière », dit cet associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Le fisc pourrait cependant se contenter de réclamer les cotisation­s dues pour les six ex-représenta­nts qui ont entrepris des démarches.

Desjardins doit se présenter à la Cour d’appel fédérale le 26 octobre pour contester la dernière décision en faveur de Sophie Payette, dont le dossier est le plus avancé.

S’il perd, le Mouvement risque de devoir payer près de 10 M$ en cotisation­s aux caisses gouverneme­ntales pour les quatre dernières années, selon Mercedes Diaz.

« La Fédération [Desjardins] fait des appels partout en espérant que peut-être quelqu’un, à un moment donné, va les appuyer », dit-elle.

La porte-parole du Mouvement Chantal Corbeil répète que ses représenta­nts hypothécai­res agissent « dans le cadre d’un contrat d’entreprise ou à titre de travailleu­r autonome ».

Elle assure aussi que les estimation­s de Mercedes Diaz « dépassent largement les litiges actuelleme­nt en cours et la portée des décisions rendues ».

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Mercedes Diaz représente six ex-représenta­nts hypothécai­res de Desjardins qui veulent être reconnus comme des salariés.

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