Le Journal de Montreal

Allonge ta jupe et tais-toi

- MADELEINE PILOTE-CÔTÉ

Dans les dernières semaines, des garçons fréquentan­t plusieurs écoles secondaire­s du Québec ont porté la jupe pour dénoncer le code vestimenta­ire sexiste de ces établissem­ents d’éducation.

J’ai appris au secondaire qu’être une fille, ça veut dire se faire dicter comment s’habiller, de la longueur de sa jupe à la forme de ses bretelles.

J’ai intégré la notion que mon corps allait être surveillé.

Pourtant, jamais je n’aurais pu me douter que d’être une fille, ça voulait dire être moins écoutée.

Les codes vestimenta­ires des écoles visent majoritair­ement les étudiantes. On essaie de contrôler le corps des filles en leur disant que c’est mal de montrer de la peau. Cela peut mener à un sentiment de honte de soi.

Ça, les filles le ressentent depuis longtemps. Dans les dernières années, des initiative­s menées par des étudiantes ont tenté de dénoncer ces injustices. Elles n’ont pas eu autant d’impact que le présent mouvement « Moi aussi, je porte ma jupe », dont les instigateu­rs sont des garçons.

Je salue leur initiative, mais j’ai un malaise : pourquoi les filles ontelles besoin de l’aide des gars pour être prises au sérieux ?

ET SI ON ÉCOUTAIT LES FILLES ?

Maëlle Péloquin, une étudiante de 15 ans de Longueuil, dit ceci en parlant du mouvement : « … le fait que les gars soient rentrés dans ce monde-là, ça a changé les choses. Au moins, on s’est fait entendre. »

Il est inadmissib­le qu’il faille que des gars s’en mêlent pour qu’on porte une oreille attentive aux revendicat­ions des filles.

Loin de moi l’idée de blâmer ces jeunes étudiants qui portent la jupe. Je blâme plutôt les adultes, les directions d’écoles et le personnel qui prêtent attention seulement quand ce sont des gars qui parlent.

Si on écoutait les filles, on saurait depuis bien longtemps qu’elles veulent pouvoir choisir comment elles s’habillent sans que l’on attribue un caractère sexuel à leur corps.

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