Le Journal de Montreal

Croissance vertigineu­se pour les concurrent­s de Postes Canada

Des entreprise­s québécoise­s de livraison profitent des ratés de la société d’État

- MARTIN JOLICOEUR

L’aveu de Postes Canada de son incapacité à répondre à l’explosion anticipée des besoins de livraison de colis à l’approche des Fêtes profite actuelleme­nt aux entreprise­s privées de livraison de colis de tout le Québec.

« C’est complèteme­nt fou, confirme Jordan Arshinoff Foss, président de Xpedigo, une jeune société de livraison de colis le même jour, de Montréal. C’est le cas depuis le début de la pandémie. Mais je vous dirais que ça s’est accentué depuis que Postes Canada a mis cartes sur table. Notre croissance est exponentie­lle et nous ouvre la porte à l’exploratio­n de nouveaux marchés. »

La semaine dernière, la Société canadienne des postes a prévenu qu’elle ne parviendra­it pas à livrer dans les délais espérés l’ensemble des achats électroniq­ues réalisés à l’approche de Noël. Un message qu’elle avait déjà commencé à faire circuler depuis quelques semaines parmi ses principaux clients commerciau­x, dont Amazon, le géant américain du commerce électroniq­ue.

DES CLIENTS À LA PELLETÉE

« Nous sommes plus sollicités que jamais, raconte pour sa part Catryn Pinard, présidente et chef de la direction de Nationex, une entreprise fondée à Saint-Hubert il y a quarante ans. En plus de nos clients habituels, plusieurs clients de Postes Canada nous appellent maintenant pour connaître si nous pourrions réaliser une part de leurs livraisons. »

Pour l’heure, Nationex affirme pouvoir encore répondre aux besoins de ses clients, en plus d’accepter de nouveaux mandats. Mais même avec une flotte de 350 camions de livraison au Québec et en Ontario, il viendra un moment, laisse entendre Mme Pinard, où l’entreprise pourrait aussi devoir freiner l’augmentati­on des volumes de livraison.

« C’est pas tout de croître, encore faut-il bien le faire, dit-elle, estimant à plus de 20 % son niveau de croissance en 2020. Or, toute hausse d’activité requiert de nouvelles ressources, tant financière­s qu’humaines. »

Nationex est d’ailleurs à la recherche active de travailleu­rs pour occuper des postes de manutentio­nnaires, chauffeurs et agents de service à la clientèle. Les besoins sont urgents et on ne parle pas ici de besoins ponctuels pour la seule période des Fêtes, insiste sa présidente.

LE BEAU JEU DU PRIVÉ

Intelcom Express, une autre entreprise de livraison québécoise présente dans tout le pays, fait aussi état de besoins de manutentio­nnaires pour triage de colis.

Comme ses concurrent­es, elle affirme avoir le beau jeu.

À la différence de Postes Canada, qui ne peut refuser de clients, son président, Jean-Sébastien Joly, explique que les sociétés privées ont le loisir d’accepter ou non les mandats proposés.

« La demande est telle qu’aucune ne pourrait se permettre de prendre tous les mandats qui se présentent. Ce faisant, se réjouit-il, elle nous a permis de doubler nos livraisons depuis un an et de prendre pratiqueme­nt deux ans d’avance sur notre plan d’affaires. »

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Catryn Pinard dirige Nationex, fondée par son père en 1980. L’entreprise de Saint-Hubert possède aujourd’hui une flotte de 350 camions. Nationex et beaucoup d’autres sociétés québécoise­s de livraison de colis embauchent présenteme­nt massivemen­t.
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JORDAN ARSHINOFF FOSS Président de Xpedigo

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