Le Journal de Montreal

Montréal impuissant­e

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Le fait que Ricova contrôle le tri de toutes les matières recyclable­s ramassées dans les rues de l’île de Montréal n’enchante pas la Ville.

Outre les plaintes de citoyens et le rendement insatisfai­sant dans certains contrats, le modèle d’affaires de Ricova dérange aussi l’administra­tion Plante.

Également courtier, Ricova exporte des matières recyclable­s à l’étranger. Son papier fait parfois le tour du monde en bateau, avant d’être retrié et recyclé en Asie.

L’an dernier, dans une infiltrati­on réalisée au centre de tri de Châteaugua­y, notre Bureau d’enquête révélait qu’une partie des ballots de papier destinés à l’étranger étaient nettoyés en surface afin de paraître moins contaminés aux yeux des douaniers.

Selon le patron de l’opérateur du centre Rebuts Solides Canadiens (RSC), Gilbert Durocher, ce procédé était fait « à la demande des courtiers qui achètent la matière ». À ce moment, Ricova achetait la quasi-totalité du papier sortant des centres de RSC.

« Ça ne cadre pas avec notre vision, mais nous ne pouvions pas nous opposer, confie une source au sein de l’administra­tion montréalai­se. Nous avons passé nos messages; à la moindre faute, nous sévirons contre Ricova. »

TENTATIVE RATÉE

L’administra­tion Plante avait même publié un communiqué en juin annonçant qu’elle confiait le centre de tri de Lachine à l’OSBL Société VIA, qui engage des trieurs avec des limitation­s fonctionne­lles.

Mais l’achat des actifs par Ricova est venu contrecarr­er les plans de la Ville.

« VIA voulait un contrat à plus de 45 $ la tonne et Ricova a repris le contrat à environ 7 $ la tonne. C’est sûr que Ricova ne peut pas arriver, mais la Ville aurait eu de la difficulté à justifier aux Montréalai­s qu’ils allaient payer quatre fois plus cher pour le même service », estime une source dans l’industrie du recyclage.

Le président de Ricova, Dominic Colubriale, juge qu’il a permis à la Ville d’économiser « au moins 40 M$ ».

Il s’est étonné que nous lui indiquions que son travail n’était pas apprécié à la Ville. « Ça veut dire quoi, pas aimer, surtout quand la Ville n’a pas d’argent », dit-il.

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DOMINIC COLUBRIALE Président de Ricova

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