Le panier d’épicerie plus cher
Les détaillants demandent à ce que la consigne élargie soit repoussée d’un an en raison de la pandémie
Les Québécois vont payer près de 300 millions $ de plus annuellement pour leur panier d’épicerie en raison de l’instauration de la consigne élargie, selon les détaillants.
Les pintes de lait et de jus, de même que les bouteilles d’eau et les bouteilles de vin seront progressivement consignées à compter de 2022.
Les Québécois devront payer 25 cents de plus à l’achat d’une bouteille de vin ou de spiritueux et 10 cents de plus pour chaque bouteille d’eau ou pinte de lait. (voir encadré)
C’est l’engagement pris par le gouvernement Legault, qui veut étendre la consigne à tous les contenants en verre, en métal ou en carton pour les formats de 100 ml à 2 litres.
La commission parlementaire chargée du projet de loi 65 sur la consigne élargie amorce ses auditions mardi. Le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) met en garde la CAQ contre les effets pervers d’une telle mesure.
Et si le ministre Benoit Charrette garde tout de même le cap, l’organisation qui représente les grandes chaînes d’alimentation comme Costco, IGA ou Metro demande que l’entrée en vigueur soit repoussée d’au moins un an en raison de la pandémie et de la diminution du pouvoir d’achat des Québécois.
« Quoi qu’on pense, quoi qu’on fasse, au final, ce sera le consommateur québécois qui devra absorber les coûts des choix du gouvernement, peut-on lire dans leur mémoire, obtenu par notre Bureau parlementaire. Nous estimons que l’impact annuel sur le panier d’épicerie des Québécois sera de l’ordre de plus de 296 M$ de dépenses supplémentaires, et ce, sans ajouter rien de plus sur la table des familles. »
L’EXEMPLE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE
L’organisation base son calcul sur l’expérience de la Colombie-Britannique, qui a introduit la consigne élargie doublée d’un écofrais depuis plusieurs années. « Il est à noter que les coûts de ce système ne font qu’exploser depuis sa mise en oeuvre », signale le CCCD.
Le directeur des relations gouvernementales Jean-François Belleau précise qu’entre 2017 et 2020, la Colombie-Britannique a vu ses frais de recyclage, toutes matières confondues, augmenter en moyenne de 35 %.
Les Québécois pourraient payer aussi des écofrais qui seraient appliqués par l’industrie. En effet, le gouvernement laisse aux entreprises qui mettent en marché les contenants le soin de financer et de gérer le transport et la manutention de la consigne élargie.
Selon les détaillants, il aurait été préférable de procéder d’abord à une amélioration du système de collecte sélective.
CHARETTE EN DÉSACCORD
Le ministre de l’Environnement a accueilli froidement « la position de fermeture des grands détaillants envers la consigne ». « S’il est vrai que la valeur de la consigne sur les contenants visés représente effectivement environ 300 M$ par année, il est faux de l’identifier comme un coût car celle-ci est entièrement remboursable aux consommateurs », a-t-on fait valoir, à son cabinet.
Selon le gouvernement, le statu quo n’était pas envisageable. « Nous avons agi en déposant un projet de loi qui vise à moderniser un système de consigne n’ayant pas été révisé depuis 1984. »