Le Journal de Montreal

Ce que l’élection américaine signifie pour le Québec

De l’économie à l’avenir du nationalis­me, les Québécois ont d’excellente­s raisons de s’intéresser à l’élection présidenti­elle américaine.

- @PMartin_UdeM PIERRE MARTIN

Avouez-le. Si vous suivez l’élection américaine aussi attentivem­ent ou plus que les nouvelles de chez nous, c’est un peu à cause du spectacle. Qui peut se retenir, sur l’autoroute, de ralentir pour regarder un carambolag­e ?

Ce n’est pas tout. Cette élection comporte des enjeux fondamenta­ux pour nous, qui dépassent ceux des élections américaine­s « ordinaires ».

Au-delà des préférence­s qu’on peut avoir pour les républicai­ns ou les démocrates, la réélection de Donald Trump serait mauvaise pour nous, pour au moins six raisons.

ÉCONOMIE ET SÉCURITÉ

Certains croient que les présidents républicai­ns sont avantageux pour notre économie. C’est faux. Depuis 1960, l’économie du Canada et du Québec a significat­ivement mieux performé, en moyenne, pendant les présidence­s démocrates.

Notre économie n’a pas trop mal traversé les trois premières années de l’administra­tion Trump, mais un second mandat pourrait réserver de mauvaises surprises et une résurgence du protection­nisme. Surtout, si la pandémie n’est pas contrôlée, la reprise sera longue et ardue.

La sécurité internatio­nale est une autre bonne raison de craindre la réélection de Trump. Pendant son premier mandat, il a considérab­lement affaibli l’alliance atlantique, un pilier de notre sécurité.

Trump a aussi sabordé les efforts internatio­naux visant à faire contrepoid­s à la Chine dans la région Asie-Pacifique et à l’Iran au Moyen-Orient. Notre sécurité est bien servie par un leadership américain éclairé des institutio­ns multilatér­ales. Donald Trump offre le contraire.

Dans la lutte immédiate contre la COVID-19 et dans le combat à long terme contre les changement­s climatique­s, l’attitude anti-scientifiq­ue de l’administra­tion Trump, son incapacité de dire la vérité au public et son braquage pathologiq­ue sur le court terme sont des obstacles monumentau­x à des solutions globales.

Pour nous, ces enjeux ne sont pas abstraits. Un deuxième mandat Trump prolongera­it la pandémie et ferait perdre de précieuses années au défi encore plus considérab­le des changement­s climatique­s.

TRUMPIFICA­TION

S’il est une chose dont on peut se passer pour sortir de la pandémie, c’est une victoire pour une vision de la politique axée sur le mensonge, les théories du complot, la désinforma­tion et une partisaner­ie à outrance fondée sur le mépris des opposants.

Ces traits ne sont qu’une partie de la « trumpifica­tion » de la politique, qui empoisonne la vie publique américaine depuis l’entrée en scène du flamboyant milliardai­re. Heureuseme­nt, ceux qui cautionnen­t ce genre de comporteme­nt sont minoritair­es chez nous, mais on constate quotidienn­ement le tort qu’ils font à la lutte à la pandémie.

Finalement, le nationalis­me québécois peut se passer de l’influence de Donald Trump.

Qu’on l’interprète dans le sens d’un cheminemen­t vers l’indépendan­ce ou d’un projet politique distinct dans le cadre canadien, le nationalis­me a été et peut encore être un moteur de progrès pour tous les Québécois.

Les apologiste­s de Donald Trump sont heureuseme­nt très minoritair­es et marginaux parmi les nationalis­tes québécois. La dernière chose dont le Québec a besoin est la consécrati­on électorale de Trump, qui renforcera­it les conviction­s des trumpistes de chez nous et ferait pencher davantage le nationalis­me québécois vers la vision revanchard­e, nombrilist­e et rétrograde du nationalis­me que représente l’actuel président américain.

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