Le Journal de Montreal

Il se fait tuer à vélo... et on leur réclame des dommages

Sa famille a reçu une lettre de l’assureur du chauffard, qui s’est ensuite excusé

- STÉPHANE SINCLAIR

La famille d’un cycliste décédé après avoir été happé par chauffard le mois dernier a été bouleversé­e d’apprendre qu’elle aurait pu devoir payer pour les dommages causés au véhicule.

« C’est incroyable. On est encore dans le deuil et on reçoit une lettre de la compagnie d’assurance du chauffard. On pourrait devoir rembourser les dommages au véhicule qui a frappé mon père », s’indigne Nicolas Cloutier, le fils de la victime Roger Cloutier, 67 ans.

L’accident est survenu le 6 septembre alors que M. Cloutier circulait à vélo avec son épouse, Esther Trudel-Cloutier, sur la route 132, dans le Bas-du-Fleuve, à Saint-Roch-des-Aulnaies.

Vers 16 h 45, il avait pris de l’avance sur son épouse quand une camionnett­e a dépassé cette dernière avant de faucher M. Cloutier.

« Elle a paniqué et est allée immédiatem­ent vers lui. Peu après, l’homme est venu s’excuser en lui disant qu’il ne l’avait pas vu », raconte le fils de la victime.

Le cycliste a été transporté à l’hôpital où son décès a été constaté. De son côté, l’automobili­ste a été arrêté sur des soupçons de conduite avec les capacités affaiblies.

Le dossier est toujours entre les mains du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP).

L’INSULTE À L’INJURE

Déjà affectée par la mort de Roger Cloutier, la famille du défunt n’a pas digéré de recevoir au début du mois une lettre de Promutuel, la compagnie d’assurance de l’automobili­ste.

Le courrier indique que l’assureur est à évaluer le montant des dommages qu’il pourrait leur réclamer puisque, selon son analyse, le cycliste aurait une responsabi­lité.

« C’est inhumain de faire vivre cela à des gens endeuillés », lance Nicolas Cloutier.

Selon Louis Cyr, un expert du domaine, cette procédure serait automatiqu­e depuis des années.

« Il ne faut pas “le prendre personnel” », conseille Louis Cyr, ajoutant que lorsqu’il s’agit d’un accident impliquant un piéton et un véhicule, l’assureur du véhicule ne connaît pas l’assureur du piéton.

L’assurance habitation couvre ce genre de situation en cas de responsabi­lité d’un piéton ou d’un cycliste. La responsabi­lité civile ou criminelle peut déterminer laquelle des parties devra indemniser l’autre.

Pour leur part, les blessures, la perte de revenu et les séquelles physiques relèvent de la Société de l’assurance automobile du Québec lorsqu’un véhicule est impliqué dans un accident.

Promutuel a indiqué qu’« il s’agit d’une erreur humaine et tout va être corrigé ».

« Nous nous excusons auprès de la famille », ajoute la conseillèr­e, Émilie Dick Roy.

Pierre Beauregard, le DG de la section Montmagny-L’Islet de la compagnie, a contacté Mme Trudel-Cloutier par courriel pour s’excuser et mentionner que le dossier était clos, même si la responsabi­lité de l’accident n’a pas encore été déterminée.

« ON C’EST EST ENCORE INCROYABLE. DANS LE DEUIL ET ON REÇOIT UNE LETTRE DE LA COMPAGNIE D’ASSURANCE DU CHAUFFARD. » – Nicolas Cloutier, fils de la victime

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PHOTOS COURTOISIE Nicolas Cloutier montre l’endroit où son père Roger a été heurté à mort par un automobili­ste alors qu’il circulait à vélo sur la route 132. En mortaise, la lettre de réclamatio­n que la famille a reçue pour les dommages causés par la victime.
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ROGER CLOUTIER Décédé

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