Le Journal de Montreal

Le « tousseur » de Québec s’en tire sans accusation

Il avait été filmé en train de tousser sur un terminal lors d’une commande à l’auto

- NICOLAS SAILLANT

L’individu qui avait indigné plusieurs Québécois au début de la pandémie en toussant volontaire­ment sur un terminal de vente d’un service à l’auto ne fera finalement jamais face à la justice pour sa mauvaise blague.

Au début du mois d’avril, alors que le Québec était sur pause et que la crise sanitaire frappait de plein fouet, une vidéo devenue virale sur les médias sociaux avait scandalisé la population.

Lors d’une commande à l’auto au Dairy Queen de L’Ancienne-Lorette, un jeune homme avait été filmé en train de tousser volontaire­ment sur le terminal de vente.

Rapidement, les internaute­s avaient identifié l’auteur de la mauvaise blague, Emerik Pouliot, 20 ans, de la Rive-Sud de Québec.

Le « tousseur », comme il a été surnommé, avait ensuite perdu son boulot, puis la police de Québec avait annoncé le 6 avril dernier avoir arrêté le jeune homme.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) avait indiqué que l’individu pourrait faire face à des accusation­s de nuisance publique et méfait.

Il avait été libéré sous promesse de comparaîtr­e le temps que le dossier soit soumis au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) afin de déterminer s’il y avait matière a accusation criminelle.

Or, près de sept mois plus tard, aucune accusation n’a été déposée contre Emerik Pouliot. Questionné sur le sujet par Le Journal, le SPVQ a confirmé que l’enquête était close. « Nous reconnaiss­ons que cet agissement n’était pas de nature éthique », écrit la police de Québec.

« Par contre, juridiquem­ent nous n’avons pas les éléments essentiels pour établir la commission d’une infraction criminelle en vertu du décret de la Loi sur la santé publique », termine le SPVQ.

Selon l’avocat criminalis­te Me Richard-Philippe Guay, plusieurs personnes ayant reçu un constat d’infraction générale au cours de la première vague de la pandémie ont vu l’amende de 1546 $ être annulée.

« Des gens ont eu des tickets à 1500 $ pour des rassemblem­ents au début du COVID et ces personnes-là ont reçu une lettre du DPCP leur disant que finalement, le tout était annulé dès qu’ils avaient plaidé non coupables. »

POUVOIR DISCRÉTION­NAIRE

Évidemment, Me Guay ne connaît pas les raisons motivant ce choix du DPCP, mais il explique qu’en droit, la poursuite a un pouvoir discrétion­naire si elle est « moralement convaincue qu’elle ne peut obtenir une condamnati­on ». Dans ce cas, les procureurs font le choix de ne pas poursuivre.

Compte tenu des délais, les causes liées à des constats généraux d’infraction relativeme­nt à des rassemblem­ents illégaux en vertu de la Loi sur la santé publique ne risquent pas d’être entendues sur le fond avant plusieurs mois.

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Dans une vidéo publiée au début du mois d’avril, Emerick Pouliot avait volontaire­ment toussé sur le terminal de ventes à l’occasion d’une commande à l’auto. Le copropriét­aire de l’établissem­ent de restaurati­on avait dénoncé le geste quelques jours plus tard.
PHOTOS D’ARCHIVES Dans une vidéo publiée au début du mois d’avril, Emerick Pouliot avait volontaire­ment toussé sur le terminal de ventes à l’occasion d’une commande à l’auto. Le copropriét­aire de l’établissem­ent de restaurati­on avait dénoncé le geste quelques jours plus tard.
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