Le Journal de Montreal

Peur de l’école pour des parents antimasque­s

Des directions ont reçu un formulaire émanant de cette mouvance

- DOMINIQUE SCALI

Des parents qui jugent oppressive­s les mesures sanitaires à l’école ont donné du fil à retordre à des directions, qui ont reçu d’étranges lettres ou ont même dû faire des signalemen­ts à la DPJ.

« Êtes-vous en mesure de garantir que ma famille sera dédommagée advenant que mes enfants développen­t un problème de santé découlant du port du masque ? »

Cette question est tirée d’un formulaire que des parents ont envoyé à l’école de leur enfant. Une dizaine de centres de services scolaires ont confirmé au Journal en avoir reçu depuis la rentrée.

Ils sont notamment situés en Montérégie, dans le Centre-duQuébec, dans les Laurentide­s, en Mauricie, à Montréal et à Québec.

« Ce qui est surprenant dans ces dossiers, c’est le temps qu’on a dû y consacrer », raconte Vincent (nom fictif), directeur d’une école du Centre-du-Québec, qui a préféré garder l’anonymat pour ne pas attirer l’attention sur son établissem­ent.

Son équipe a dû gérer environ huit cas de parents qui semblaient adeptes du mouvement antimasque.

« Je suis resté surpris », avoue-t-il.

« PETITS SOLDATS »

Certains accusent l’école de vouloir tester leur jeune en catimini, d’autres de leur implanter une puce.

« Vous allez obliger mes enfants à devenir des petits soldats à la solde du gouverneme­nt », lui a notamment dit un parent.

« J’ai l’impression qu’ils se sont abreuvés à la même source », suppose Sylvie Jobin, présidente de l’Associatio­n des directions d’établissem­ent du Centre-du-Québec. C’est d’ailleurs lorsque des directeurs ont discuté entre eux qu’ils ont réalisé la similitude des formulaire­s qui circulent.

À Montréal, des parents qui s’opposent au port du masque ont même décidé de ne pas envoyer leur enfant à l’école. Or, la fréquentat­ion scolaire est obligatoir­e, à moins d’être enregistré pour faire l’école à la maison ou d’avoir un certificat médical pour suivre l’école à distance.

SIGNALEMEN­TS

Ainsi, des signalemen­ts auprès de la DPJ ont dû être faits, indique Michelle Vyboh du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île. Il a d’ailleurs été établi « qu’il fallait traiter ces enfants différemme­nt d’un signalemen­t régulier ».

« Même si certains de leurs arguments sont farfelus, je ne peux pas les faire passer pour des imbéciles, explique Vincent (nom fictif). Notre but, c’est de ramener les enfants à l’école. »

D’ailleurs, il remarque que la plupart avaient besoin d’être rassurés.

« Ce ne sont pas de mauvais parents et ils ne sont pas mal intentionn­és […] Ils avaient simplement des inquiétude­s non fondées. »

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