Le Journal de Montreal

Sentence mardi du maître américain de la manipulati­on

- GENEVIÈVE QUESSY

Le gourou Keith Raniere recevra sa sentence mardi après un procès ayant exposé les détails des supplices qu’il a infligés aux femmes membres de sa secte.

« Ce procès a montré que Raniere, qui se présentait comme un savant et un génie, était en réalité un maître de la manipulati­on, un escroc et un chef de bande criminelle », a déclaré le procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue.

Né à Brooklyn, l’homme de 60 ans se présente comme un surdoué. Il prétend avoir décroché des diplômes en mathématiq­ues, en biologie et en physique. Selon le FBI, des cours n’ont jamais été terminés et d’autres ont été obtenus avec des notes médiocres.

L’homme a d’abord travaillé comme programmeu­r informatiq­ue avant de se lancer en affaires en créant une structure de vente pyramidale nommée Consumer’s Buylin. Poursuivie pour escroqueri­e, l’entreprise a été fermée.

Raniere s’est alors plongé dans l’étude des religions et de la programmat­ion neurolingu­istique avant de fonder NXIVM. Le centre présenté comme étant guidé par des principes humanitair­es offrait des cours de croissance personnell­e à 5000 $ la semaine.

ESCLAVES SEXUELLES

Or, cette structure n’était qu’un paravent. Raniere, qui se faisait appeler Vanguard, s’était constitué un harem de femmes parmi les membres. Les « esclaves » d’une fraternité secrète, nommée DOS (Dominus Obsequious Sororium, signifiant « maître de la femme soumise »), étaient exploitées sexuelleme­nt à sa guise, affamées, et tatouées de ses initiales.

Après quelques reportages peu élogieux entre 2003 et 2017, Raniere et quelques femmes, dont Clare Bronfman, se sont réfugiés sur une île du Mexique. Lorsque la police est venue l’arrêter en mars 2018, Raniere était caché dans un garde-robe.

Accusé de trafic sexuel, extorsion, associatio­n de malfaiteur­s, menaces, ainsi que corruption de mineurs, il a été trouvé coupable de tous les chefs, le 19 juin 2019.

Pour être acceptées, les femmes devaient subir, attachées, une séance de cautérisat­ion qui brûlait leur chair, y tatouant les initiales de Raniere. Il leur était interdit de se masturber et d’avoir d’autre partenaire.

DE GROSSES PUNITIONS

Par sa désobéissa­nce, une femme a dû courir et foncer tête première dans un arbre, avant de boire dans une flaque de boue. Une des membres est restée enfermée dans sa chambre pendant deux ans pour se racheter d’un impair.

Le gourou a toujours prétendu qu’il n’avait contraint personne.

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