Un président normal
Les deux événements se déroulent dans des contextes culturels très différents, mais la campagne électorale présidentielle qui se déroule présentement aux États-Unis rappelle celle qui s’est passée en France en 2012.
DÉSORDRE
Nicolas Sarkozy avait pris la direction de la République de la même manière qu’un pirate arraisonne un navire. Président blingbling et hyperactif, multipliant les ruptures institutionnelles, ses prises de position intempestives et les aléas de sa vie privée le gardaient omniprésent dans l’actualité.
« Un président normal », c’est nommément ce que son rival François Hollande proposait aux Français fatigués d’un quinquennat qui faisait désordre. Il était perçu comme bonhomme modéré en toute chose et présent dans l’espace public depuis Mathusalem ; l’extrême prévisibilité du Corrézien jouait à son avantage. Comme pour Joe Biden présentement, sa platitude lui procurait un statut de valeur sûre pour qui espérait seulement un retour à la tranquillité.
UN SEUL MANDAT
Pourquoi faire ce parallèle aujourd’hui, alors que les Américains n’ont pas fini de voter ? C’est parce qu’il nous renseigne sur les écueils qu’une présidence Biden pourrait rencontrer, si le démocrate l’emporte le 3 novembre.
Une éventuelle défaite de Donald Trump ne ferait pas disparaître les raisons qui l’ont porté au pouvoir il y a 4 ans. Elles ne sont pas étrangères au contexte français : une classe moyenne qui a l’impression de l’être de moins en moins à cause d’une mondialisation qui pousse à la désindustrialisation ; un sentiment d’insécurité grandissant face à l’immigration ; une guerre culturelle entre urbains et ruraux qui ne se font plus la même idée du pays où ils pensent vivre.
Pour d’autres raisons que François Hollande, plusieurs s’attendent à ce que Joe Biden ne soit le président que d’un seul mandat. N’empêche que si sa trop grande modération le retenait de réformer, son bref passage pourrait mettre la table à un affrontement encore plus marqué entre populisme et élites.