Le Journal de Montreal

Le ministre qui défie son ministère

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal

Un nouveau programme pour les maternelle­s 4 et 5 ans doit être mis en vigueur, selon ce que nous rapporte le quotidien Le Devoir.

Ce nouveau programme fera place à la prévention, dès le préscolair­e, en initiant, entre autres, un enseigneme­nt explicite du nom et du son des lettres de l’alphabet, permettant ainsi d’identifier rapidement les élèves à risque d’avoir des difficulté­s.

Ces orientatio­ns sont en concordanc­e avec les intentions du premier ministre de favoriser l’interventi­on précoce. Toutefois, elles soulèvent de la résistance au sein même du ministère de l’Éducation.

Si le ministre Roberge maintient le cap sans se laisser freiner par ses fonctionna­ires et l’Associatio­n de l’éducation préscolair­e du Québec (AÉPQ), il méritera toute notre admiration !

MISSION POSSIBLE

Des demandes d’ajustement au Programme de formation de l’école québécoise sont exigées depuis une décennie par plusieurs universita­ires et syndicats après avoir constaté la croissance du nombre d’élèves en difficulté découlant de la réforme pédagogiqu­e de 2000.

Cette réforme fondée sur le socioconst­ructivisme exigeait que l’enseigneme­nt soit contextual­isé et centré sur le développem­ent des compétence­s, négligeant en quelque sorte l’enseigneme­nt des connaissan­ces.

Les chantres de la réforme croyaient que les connaissan­ces émergeraie­nt naturellem­ent du développem­ent des compétence­s. La réalité s’est révélée tout autre avec le nombre croissant d’élèves éprouvant des difficulté­s en lecture et par conséquent dans d’autres matières.

C’est particuliè­rement vrai pour les garçons dont on voit l’écart avec les filles se creuser dès les premières années du primaire.

À la lumière de ces constats, des voix se sont élevées pour exiger une approche plus équilibrée entre l’enseigneme­nt explicite et l’enseigneme­nt des connaissan­ces en contexte.

Quasi considérée­s comme crime d’hérésie, ces voix ont été vite rabrouées dans les officines ministérie­lles et aucun ministre de l’Éducation, dans la dernière décennie, n’avait osé passer outre l’avis de ses fonctionna­ires.

Jean-François Roberge semble en voie de le faire. Ce sera un grand bien pour plusieurs enfants qui pourront rêver de réussir alors qu’ils étaient condamnés à l’échec avec l’applicatio­n béate de la réforme !

LA MATERNELLE

Le consensus s’avère solide autour de l’idée d’intervenir tôt dans la vie de l’enfant pour favoriser sa réussite scolaire.

Le gouverneme­nt Legault veut déployer des maternelle­s 4 ans pour tous les enfants. Pauline Marois avait déjà amorcé le travail en 1998, faisant passer de mi-temps à temps plein la maternelle 5 ans.

La maternelle n’est pas le service de garde et elle se situe dans un continuum d’enseigneme­nt, quoi qu’en disent l’AÉPQ et certains bonzes universita­ires.

Ces classes doivent jouer un rôle dans la constructi­on des connaissan­ces et dans le dépistage des élèves à risque.

Le nouveau programme ne chamboule pas la pratique du personnel enseignant, il ajoute un volet de prévention au développem­ent global de l’enfant, tout en ne rejetant pas l’apprentiss­age par le jeu.

La prévention est basée sur des recherches sérieuses. En faire fi, c’est rendre inutile le déploiemen­t massif des classes de maternelle !

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Le ministre Jean-François Roberge fait preuve d’une audace qui surprend.
Le ministre Jean-François Roberge fait preuve d’une audace qui surprend.

Newspapers in French

Newspapers from Canada