Le Journal de Montreal

Commandes inattendue­s

Spécialisé­e en langues, la librairie s’étend

- YVES LECLERC

Spécialisé­e dans l’apprentiss­age des langues, la librairie Michel Fortin est sortie de son champ de compétence de façon inattendue lors de la fermeture des commerces.

Elle a vendu de la littératur­e.

« On a commencé à recevoir des commandes pour de la littératur­e et on a réagi. On les a acceptées et j’ai ensuite contacdist­ributeurs té mes afin de pouvoir obtenir les livres demandés », a indiqué Ronald Thibault, directeur et propriétai­re de la librairie située rue Saint-Denis à Montréal.

La librairie Michel Fortin ne possède pas un inventaire en littératur­e comme dans les librairies généralist­es. Sa clientèle est constituée de bibliothèq­ues, d’écoles de langues et de gens qui souhaitent faire l’apprentiss­age du français, de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien, de l’allemand et autres 250 langues répertorié­es.

Elle a été inondée, lors de la fermeture des commerces, avec près de 40 commandes par jour, mais pas dans sa spécialité.

« Je n’ai aucune idée pourquoi les gens sont passés par notre librairie. C’est peutêtre en raison de la géolocalis­ation, parce que le livre n’était pas disponible ailleurs ou parce qu’ils ont aimé le nom de la librairie. On ne s’attendait pas du tout à ça. J’ai offert ce service comme je le fais pour les gens qui veulent lire en italien, en allemand, en espagnol et en portugais. Je ne peux pas tout avoir sur les tablettes et je commande ces livres », a-t-il expliqué, lors d’un entretien téléphoniq­ue.

ÇA BOUGE

La librairie spécialisé­e a connu, lors de la fermeture des commerces, une traversée du désert plus difficile.

« Mes collègues des librairies généralist­es ont réussi, avec les commandes en ligne, à rattraper le temps perdu. Nous, on a perdu trois mois de chiffre d’affaires parce que notre clientèle est différente », a-t-il laissé tomber.

La librairie Michel Fortin n’a pas connu une hausse de ventes en ligne du côté de ses livres d’apprentiss­age.

« On n’en a pas vendu plus que d’habitude. C’est quelque chose qui reste marginal. Les gens préfèrent appeler afin de voir si on peut commander ce qu’ils recherchen­t. On a eu quelques bons clients qu’on avait déjà avant », a-t-il fait remarquer.

Ronald Thibault sent une relance depuis la réouvertur­e de la librairie.

« On commence à avoir des commandes qui ressemblen­t plus à notre spécialité. Ça bouge, mais ce n’est pas à la hauteur de ce que c’était l’année dernière. Je suis très loin de mon chiffre d’affaires de l’année dernière avec une baisse de 40 % »,

a-t-il mentionné.

REINS SOLIDES

La librairie Michel Fortin, qui existe depuis 1982, a les reins solides. Elle va passer à travers cette période difficile.

« Je ne suis pas sûr, sans l’existence de toutes les subvention­s qu’il était possible d’aller chercher, que l’avenir aurait été rose. On aurait peut-être pu tenir le coup durant un an, mais on se serait retrouvé dans le trouble si ça avait duré plus longtemps. On va passer à travers », a-t-il précisé.

Ronald Thibault a lu tous les ouvrages de la romancière italienne Elena Ferrante en français, sauf le dernier, La vie mensongère des adultes.

« Je ne suis pas un libraire classique. Je suis, en ce moment, en train de lire L’histoire du monde en trois tomes de John Robert et Odd Arnee Westad. On vit dans un monde d’interactio­ns, un système où cohabitent des cultures et des gens qui ont des visions du monde. Les langues sont des véhicules. Elles ont transporté et transporte­nt toujours le poids des valeurs », a-t-il fait savoir.

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Ronald Thibault, propriétai­re de la librairie Michel Fortin

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