Le Journal de Montreal

L’ESPOIR MÉCONNU DES JAYS

Le québéco-dominicain Otto Lopez avait promis à son père de devenir joueur de baseball

- Roby St-Gelais RStgelaisJ­DQ

Il y a ces athlètes dont le parcours vers la gloire (ou la réussite) est tracé d’avance sans même qu’ils ne le sachent. Quand le Montréalai­s d’origine dominicain­e Otto Lopez a promis à son père qu’il deviendrai­t joueur de baseball profession­nel, il n’avait nullement l’intention de faire marche arrière.

« Comment ne pas trouver le baseball romantique ? » disait Brad Pitt, l’interprète du directeur général des A’s d’Oakland, Billy Beane, dans le film Moneyball.

L’histoire de ce fils d’immigrant qui a quitté sa République dominicain­e natale pour s’installer au Québec afin que ses enfants jouissent d’un meilleur système d’éducation en est un vibrant exemple.

Aujourd’hui membre de l’organisati­on des Blue Jays de Toronto – il est classé au 13e rang parmi les meilleurs espoirs de l’équipe, selon MLB Pipeline, le magazine numérique du baseball majeur consacré à la relève –, il parle trois langues – l’espagnol, le français et l’anglais.

Mais quand la famille est arrivée à Montréal en 2010, le jeune Lopez ne conversait que dans sa langue maternelle et n’avait jamais joué au baseball organisé.

« J’ai appris le français avec les fils de ma soeur, parce que j’ai vécu avec eux pendant un moment. À l’école, ça ne parlait que le français. J’entendais le français partout, je n’avais pas le choix. J’ai appris rapidement, ça a été facile pour moi », raconte Lopez en entrevue au Journal depuis sa chambre d’hôtel de Dunedin, en Floride, où il participe à un camp regroupant les meilleurs jeunes joueurs de l’organisati­on torontoise.

LES REGARDS S’ILLUMINENT

En 2014, quatre ans après avoir posé ses valises et après avoir passé l’été dans le midget AAA, Otto Lopez a senti que l’atteinte de son rêve ultime de jouer dans les ligues majeures passait par un retour aux sources. Il faisait alors partie des meilleurs joueurs de son groupe d’âge au Canada, ayant représenté la province dans quelques compétitio­ns nationales.

Devant l’insistance de son oncle qui souhaitait le voir évoluer dans une académie gérée par des profession­nels en République dominicain­e, le Québécois d’adoption a convaincu ses parents réticents de le laisser aller. Non sans certaines conditions.

« Je sentais que je ne jouais pas assez au baseball. Mon père et ma mère voulaient que j’étudie. Mon oncle parlait avec mon père qui ne me l’a jamais dit sauf quand mon oncle lui a demandé ce que j’en pensais.

« J’ai dit à mon père : “envoie-moi un an, et si je ne réussis pas, je vais revenir finir mes études”. Il manquait juste une semaine quand j’ai été approché, et finalement, j’ai signé », confie le joueur de 22 ans qui a paraphé une entente de cinq ans en juillet 2016 à titre d’agent libre internatio­nal avec les Jays, l’équipe qu’il chérissait depuis son adolescenc­e.

Malgré son talent indéniable, Otto Lopez a rapidement compris en voyant ses compatriot­es dominicain­s qu’il avait du pain sur la planche. Il a dû mettre les bouchées doubles pour attirer l’oeil des recruteurs.

« Comme ils sont sur le terrain tous les jours, ils se concentren­t à être meilleurs tous les jours et c’est cette manière qui m’a aidé à atteindre leur niveau. »

DÉBUTS PROMETTEUR­S

On peut dire que Lopez n’a pas déçu depuis qu’il a intégré les filiales de la formation torontoise. En 2019, dans l’uniforme des Lugnuts de Lansing au niveau A, il a remporté le championna­t des frappeurs dans la Ligue du Midwest en terminant avec la meilleure moyenne au bâton (,324) et le plus grand nombre de coups sûrs (145).

« Otto est un jeune homme spécial qui a

une très grande éthique de travail et sa motivation personnell­e est à un niveau élite. Il a la volonté et la déterminat­ion pour devenir le meilleur », mentionnai­t son ancien entraîneur avec Vancouver (A-) et Lansing, Dallas McPherson, en entrevue à The Athletic en juin dernier.

Pour Lopez, même si la pandémie a ralenti temporaire­ment ses projets, elle lui a permis de renouer avec Montréal en été et ses amis, chose qu’il n’avait pas faite depuis son départ. Il revenait seulement quelques semaines en hiver. Le soutien de sa famille dans les derniers mois a été indispensa­ble.

« Ma famille me donnait des conseils et me disait de ne pas lâcher. C’était dur d’être enfermé pendant tout ce temps et je n’avais pas toujours la motivation, mais ma famille m’a poussé. Elle était toujours là pour moi. »

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PHOTO COURTOISIE, DANIEL LUSIGNAN Les Québécois Jean-Christophe Masson et Otto Lopez au camp des Blue Jays de Toronto en mars 2020.

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