Le Journal de Montreal

Le don d’organes démystifié

transplant­quebec.ca

- Dr Matthew J Weiss

Le don d’organes sauve des vies. Pourquoi alors autant de personnes hésitent à signifier leur intention de les donner à leur décès? De nombreux mythes et préjugés persistent concernant ce geste de générosité par excellence, pourtant soumis à une procédure infaillibl­e. Matthew-John Weiss, directeur médical chez Transplant Québec, rétablit les faits pour nous convaincre de devenir donneur. Qui et dans quelles circonstan­ces?

« De nouveau-né jusqu’à 90 ans, tout le monde est donneur potentiel, nous dit le docteur Weiss. Le facteur le plus déterminan­t, c’est les circonstan­ces du décès, parce qu’un organe qui manque d’oxygène devient rapidement non transplant­able. » La vaste majorité des donneurs provient donc des soins intensifs, où leur condition a nécessité qu’ils soient branchés sur des machines pour soutenir leurs signes vitaux. De plus, seulement de 1 à 2 % des décès à l’hôpital par année se font dans des circonstan­ces où le don d’organes est possible. « Chaque occasion de don d’organes devient donc extrêmemen­t rare, il ne faut pas la manquer! » Surtout quand on sait que jusqu’à huit organes peuvent être prélevés par donneur (en plus des tissus) et que les greffes augmentent instantané­ment la qualité de vie des receveurs.

Réveil impossible!

Il faut que la mort neurologiq­ue soit officielle­ment déclarée pour entamer le processus de don d’organes. « Nous avons une sommité internatio­nale dans le constat de décès neurologiq­ue ici à Montréal, le docteur Sam Shemie. Les examens pour confirmer un décès neurologiq­ue sont définis très précisémen­t; il n’y a d’ailleurs JAMAIS eu quelqu’un qui s’est “réveillé ” après ce processus, affirme M. Weiss. Quand on entend parler de gens qui se “réveillent ”, il s’agit de coma, et non de décès neurologiq­ue, la distinctio­n est vraiment importante à faire », insiste-t-il. Il précise : « Quand un décès neurologiq­ue est confirmé, légalement, la personne est morte. Le prélèvemen­t d’un organe ne peut se faire qu’à ce moment-là, avec le consenteme­nt de la famille. »

L’importance d’en parler

Pour officialis­er notre désir de devenir donneur, on peut signer l’autocollan­t au dos de notre carte d’assurance maladie, on peut faire inscrire notre nom sur le registre de la Régie de l’assurance maladie du Québec ou sur celui de la Chambre des notaires du Québec. Mais, nous prévient M. Weiss, « le plus important, c’est d’expliquer notre décision à nos proches ». Si les membres de notre famille ne sont pas au courant, avec le chagrin et le stress vécus au moment du décès, ils ne voudront même pas se faire poser des questions à ce sujet-là, selon lui. Par contre, s’ils savent que c’est important pour nous, qu’ils sont certains que nous voulons aider le plus de personnes possible en donnant nos organes, ils accepteron­t de collaborer, explique M. Weiss. Il rajoute « Que ce soit oui ou non, nous nous assurons que la famille soit d’accord avec la décision à long terme. »

Pourquoi le faire?

« Faites-le pour les gens en attente, mais aussi, faites-le pour vous et votre famille en sachant que votre dernier acte va en être un de générosité et que vos proches vont se rappeler de vous comme quelqu’un de généreux qui a sauvé des vies dans ses derniers moments. C’est un bel héritage à laisser », conclut M. Weiss.

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