Le Journal de Montreal

Un prof de l’Université d’Ottawa harcelé

Il signe une lettre en faveur de la liberté d’expression

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AGENCE QMI | Un professeur de philosophi­e de l’Université d’Ottawa se dit victime d’une campagne de harcèlemen­t de la part de ses étudiants dans la foulée de la controvers­e de sa collègue Verushka Lieutenant-Duval, qui a soulevé une polémique récemment en utilisant le mot

« nègre » en classe dans un contexte pédagogiqu­e.

Charles Le Blanc est l’un des 34 signataire­s d’une lettre d’opinion en faveur de la liberté d’expression à l’Université d’Ottawa publiée à la suite de la suspension de la professeur­e Verushka Lieutenant­Duval, qui avait utilisé le mot « nègre » en classe dans un contexte pédagogiqu­e.

« Mes assistants m’avaient informé qu’une fronde se préparait parce que j’étais l’un des 34 signataire­s de cette lettre », a raconté le professeur au micro de Sophie Durocher sur les ondes de Qub radio hier.

Plutôt que d’éviter le sujet, M. Le Blanc a préféré l’aborder en classe avec ses étudiants. « J’ai simplement énoncé les différents points pour expliquer ma prise de position au public. En plus, mon cours s’appelle “pensée et raisonneme­nt critique”, donc je n’avais pas l’impression d’être hors sujet », s’est-il amusé.

« Le noeud de la chose, c’est que j’essayais de montrer à mes étudiants que les mots sous les outils de la pensée. […] En disqualifi­ant les mots, en les éliminant, on s’empêche de comprendre le monde », a tenté de plaider le professeur devant ses élèves.

MESSAGES HAINEUX

Or, ses explicatio­ns sont tombées à plat pour certains élèves qui clavardaie­nt en parallèle sur le web, pendant son cours. « Pendant tout le temps où je parlais, là, les gens écrivaient des choses horribles sur mon compte, un petit groupe. […] Ils ont été très très violents à mon égard », a-t-il confié.

Ceux-ci ont pris un extrait d’une dizaine de secondes du cours qui a été publié sans contexte sur Twitter, valant plusieurs messages haineux à M. Le Blanc. Des appels au retrait des publicatio­ns du professeur et de son doctorat ont aussi été lancés.

« On est devant un monstre qu’on ne peut pas arrêter. Une idéologie qui est délétère, qui ne va pas dans le sens de la libre pensée et du débat d’opinion serein », a-t-il regretté.

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