Le virage nationaliste de Dominique Anglade
Depuis une semaine, Dominique Anglade a décidé d’engager le Parti libéral du Québec dans un virage politique.
On l’a d’abord vu lorsqu’elle a pris position contre le politiquement correct. C’était bien joué et pas cher payé pour se reconnecter un peu avec les Québécois francophones, qui en ont marre de la police de la pensée venue des États-Unis.
Elle s’est contentée de rappeler que nous avons le droit, dans une société libre, de prononcer le titre d’un livre sans que des fanatiques en culottes courtes décrètent une fatwa woke. Hélas, ces intimidateurs compulsifs ont le pouvoir académique et médiatique aujourd’hui.
Contrairement à ce qu’on nous a répété, ce n’était pas une question délicate ni complexe. Défier le politiquement correct exige simplement un peu de courage.
PLQ
Avant-hier, Dominique Anglade a poursuivi son virage, en ajoutant à son arc la corde du nationalisme, dans le cadre des commémorations du référendum de 1995.
Dans un texte étonnant, elle rappelle non seulement que l’indépendance est une option légitime pour le Québec, mais que ce dernier est encore aujourd’hui mal intégré dans le Canada, qui même d’un point de vue fédéraliste, demeure insatisfaisant.
Elle plaide aussi pour certaines mesures linguistiques et le rapatriement de certains pouvoirs.
Ce nationalisme est minimal, certes. Mais il rompt assurément avec l’antinationalisme borné des années Couillard.
Sous Philippe Couillard, le PLQ avait troqué ce qui pouvait lui rester de fidélité au Québec pour une soumission absolue au fédéralisme multiculturaliste canadien. On sentait chez lui un mépris pour son peuple.
Le virage angladien, à court terme, était nécessaire pour que le PLQ puisse se désenclaver de sa forteresse montréalolavalloise.
Il doit parler aux Québécois francophones pour espérer regagner le pouvoir. Il n’a pas besoin d’en rejoindre beaucoup. Pour cela, il doit leur parler le langage de l’identité et cesser de les traiter comme des bouseux xénophobes.
C’est le pari de Dominique Anglade, qui a décidé habilement de jouer sur le terrain de la CAQ.
Cette dernière devra riposter en donnant un peu plus de substance à son nationalisme, qui se réduisait de plus en plus à une posture rhétorique. Elle doit montrer que le nationalisme angladien est tellement superficiel qu’il est insignifiant. La CAQ doit rappeler que la base électorale du PLQ refuse au fond d’elle-même l’idée d’un Québec français et laïc et assimile notre simple existence nationale à l’intolérance.
Quant au PQ, il ne doit pas laisser le PLQ s’emparer du créneau de l’antipolitiquement correct, qui devrait lui revenir.
DÉMOGRAPHIE
À long terme, le PLQ risque de se recouillardiser. La politique d’immigration massive qu’il a imposée au Québec depuis 2003 et que la CAQ a bêtement décidé de reconduire entraîne l’érosion démographique rapide de la majorité historique francophone, qui tôt ou tard, ne contrôlera plus son gouvernement national.
À ce moment-là, le PLQ n’aura plus à faire semblant d’être nationaliste. Mais nous n’y sommes pas encore. Heureusement.