Le Journal de Montreal

Adieu, mon vieux Régis !

Régis Lévesque était mon ami. C’était un homme sans instructio­n, mais intelligen­t comme deux singes !

- GILLES PROULX

Sa verve truculente, sa voix éraillée, son accent trifluvien, ses excentrici­tés et ses anecdotes faisaient de ce promoteur de boxe un personnage attachant ainsi qu’un morceau de folklore vivant qui embellissa­it nos vies, qui y ajoutait de la couleur, de la saveur.

Sans lui, le Québec se réveille encore un peu plus terne, un peu plus fade.

MON PROTECTEUR

Comme animateur de radio dans les années 1990, je recevais des menaces de mort (car l’intimidati­on ne date pas de l’internet) et j’en appelais parfois à Régis. Si j’animais une émission en direct devant une foule hostile, par exemple les pompiers qui me détestaien­t, celui-ci m’envoyait un florilège de durs à cuire pour m’entourer : Robert Cléroux, les frères Hilton, Éric Lucas, etc.

Ça calmait les esprits bagarreurs.

BOXE ET CHEVAUX

Récemment, j’envoyais au Temple de la renommée de la boxe une lettre d’appui à cet ami pour demander son intronisat­ion qui aura lieu, me dit-on, l’an prochain. Cet honneur, dans le meilleur des mondes, lui aurait été décerné de son vivant ! Il a su popularise­r et « québéciser » en même temps la boxe en remplissan­t des auditorium­s où l’on venait voir des champions locaux s’affronter… ce qui donnait lieu à des combats revanche encore plus passionnan­ts !

Ces combats garnissaie­nt les poches de Régis qui, ensuite, s’empressait de dilapider sa fortune en pariant aux courses de chevaux… Un jour, avec Ménick le barbier des sportifs, je lui avais organisé un « bien cuit » pour payer ses dettes (et lui acheter une Cadillac). Il pleurait de joie, car il était, derrière l’apparence de dur, un tendre.

Adieu, mon vieux Régis !

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PHOTO D’ARCHIVES
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