Le Journal de Montreal

Encore 166 déversemen­ts d’eaux usées par jour

Québec, Montréal et Longueuil sont parmi les pires municipali­tés de la province

- JULIEN GARON-CARRIER

L’ensemble des municipali­tés du Québec a effectué en moyenne l’an dernier 166 déversemen­ts d’eaux usées sanitaires par jour dans le fleuve Saint-Laurent, ou dans une rivière à proximité de leurs installati­ons de traitement de l’eau.

Il s’agit de la moyenne à laquelle on arrive sur la base de données du ministère de l’Environnem­ent rendues publiques par la Fondation Rivières, qui font état de 60 660 déversemen­ts à l’échelle du Québec en 2019.

« C’est épouvantab­le que ça se produise en 2020 », clame André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières, un organisme qui veille à préservati­on du caractère naturel et écologique des rivières.

Les villes de Québec et de Montréal, qui sont parmi les cinq premières en termes de nombre de déversemen­ts, ont chacune déversé 3180 fois et 1873 fois en 2019.

Du point de vue de l’intensité de déversemen­t, Longueuil a le record.

Les ouvrages de surverse sont des structures souterrain­es de collecte des eaux usées. En temps normal, celles-ci sont traitées dans une usine avant d’être relâchées dans l’environnem­ent.

PLUIE OU NEIGE

Or, contrairem­ent aux autres types de déversemen­ts planifiés pour l’entretien des réseaux d’égout – comme ceux de l’épisode du « flushgate » survenu sous l’administra­tion Coderre en 2015, à Montréal – les débordemen­ts des ouvrages de surverse sont provoqués par une forte pluie ou par la fonte des neiges. À ce moment, le réseau d’égout collecte l’eau pluviale en plus des eaux usées sanitaires.

Ce débit impromptu excède la capacité de traitement du système et le mélange des eaux se déverse dans la nature.

« Autrement dit, on assiste à l’écoulement du trop-plein. Ça arrive régulièrem­ent et le ministère de l’Environnem­ent tolère ça. C’est de la négligence systémique », affirme André Bélanger.

À Québec, où le nombre de déversemen­ts s’avère le plus élevé de la province, « 77 % du réseau d’égout opère les eaux pluviales et les eaux usées à partir des mêmes canalisati­ons [...], ce qui occasionne des débordemen­ts en cas de pluie », affirme Wendy Whittom, conseillèr­e en communicat­ion.

Elle précise que ces surverses « sont permises et répondent aux normes » du ministère de l’Environnem­ent.

La Ville se dit tout de même « soucieuse de la qualité de l’eau du fleuve », déclare Mme Whittom.

PLAN DE GESTION

Du côté de Montréal, « l’Agglomérat­ion travaille sur son plan de gestion des débordemen­ts » qui vise, entre autres, « à imposer à tout promoteur des mesures permettant de réduire les eaux de ruissellem­ent », assure Audrey Gauthier, chargée de communicat­ion à la Ville.

L’attachée de presse du ministre de l’Environnem­ent Benoit Charette, Geneviève Richard rappelle qu’en 2017, 90 % des municipali­tés « respectaie­nt l’ensemble des normes du règlement » concernant la performanc­e des ouvrages d’assainisse­ment.

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PHOTO AGENCE QMI, JULIEN GARON-CARRIER Un tuyau de surverse situé à Montmagny dans Chaudière-Appalaches qui sert lorsque le débit des eaux usées est trop élevé.

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