Le Journal de Montreal

Bureaucrat­ie en folie

Sa maison pas rebâtie 3 ans après avoir été inondée

- ANTOINE LACROIX

Un citoyen de Pierrefond­s inondé lors des crues de 2017, qui n’a jamais pu rebâtir sa résidence à cause de dédales bureaucrat­iques, se voit réclamer le remboursem­ent de 160 000 $ pour des indemnisat­ions versées par la Sécurité publique.

« Ce n’est pas par mauvaise volonté de ma part que les travaux n’ont pas encore été exécutés. C’est que toutes les solutions qui sont mises de l’avant sont refusées. Rien n’avance, ça n’a pas d’allure », dénonce André Lavigne, qui est résident depuis plus de 30 ans de sa maison sur le boulevard Gouin.

Près de trois ans et demi après les crues printanièr­es, son dossier n’a pas encore trouvé de dénouement parce qu’il se bute à une bureaucrat­ie « inflexible », où il lui est impossible de respecter des réglementa­tions municipale­s ou provincial­es.

« Si ce n’est pas au ministère que ça bloque, c’est à la Ville. Je suis tanné qu’on me dise qu’il n’y a rien à faire pour ci ou pour ça », fait valoir l’homme de 65 ans.

Comme il a dépassé la date limite pour réaliser les travaux, le ministère de la Sécurité publique lui réclame 160 000 $.

DÉROGATION REFUSÉE

À l’automne 2018, une demande de dérogation afin de pouvoir faire surélever son terrain à l’instar de ceux de ses deux voisins immédiats a été refusée, ce qui serait toutefois « la solution la plus logique pour éviter de se faire inonder », croit M. Lavigne.

Il avait donc poursuivi ses démarches afin d’en arriver à une solution pouvant satisfaire toutes les instances. Grâce au travail d’un arpenteur, il avait été possible de déterminer un espace plus éloigné de la rivière des Prairies, où il serait possible de faire construire une nouvelle maison.

Or, l’apparition d’une zone d’interventi­on spéciale (ZIS) venant délimiter le territoire inondé lors des crues de 2017 et 2019 est venue contrecarr­er ses plans.

« La ligne formée par la ZIS est mal placée, elle vient empiéter beaucoup trop dans la zone 0-20 ans. Il faut que ce soit révisé », soutient André Lavigne, qui a interpellé son député local, Monsef Derraji, afin d’obtenir son soutien.

Le député libéral de Nelligan et son équipe ont effectué beaucoup de démarches auprès du gouverneme­nt, mais ses « recours semblent épuisés ».

« Parfois les politiques publiques doivent devenir pratico-pratiques, parce que là on a un citoyen en détresse, affirme M. Derraji. Il faut réfléchir à l’extérieur de la boîte. »

Il appelle la ministre des Affaires municipale­s et de l’Habitation, Andrée Laforest, à faire preuve de flexibilit­é.

« Nous ferons des vérificati­ons pour connaître les raisons de ce refus administra­tif. Sachez que la ministre Laforest a une grande sensibilit­é pour les dossiers comme celui-ci et qu’un attaché travaille présenteme­nt sur cette situation », a indiqué le cabinet de la ministre.

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PHOTOS D’ARCHIVES ANTOINE LACROIX ET COURTOISIE Photograph­ié devant sa résidence à la mi-octobre 2018, André Lavigne n’est toujours pas plus avancé en 2020, alors que son terrain (en mortaise) est laissé en friche et qu’il n’a pas pu se rebâtir.
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MONSEF DERRAJI Député libéral

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