Le Journal de Montreal

Laure Waridel

- LAURE WARIDEL Blogueuse au Journal

Jeudi, le Groupe parlementa­ire multiparti­te de lutte contre l’esclavage moderne et la traite des personnes a déposé un nouveau projet de loi qui obligerait les entreprise­s à rendre des comptes sur les mesures qu’elles prennent pour prévenir et réduire leur participat­ion à l’esclavage moderne.

On parle d’esclavage moderne lorsqu’une personne est exploitée ou contrainte au travail par la violence, les menaces, la coercition, l’abus de pouvoir ou la fraude. Le travail forcé est le quotidien de plus de 25 millions de personnes dans le monde. Près d’une sur cinq est un enfant.

COMPLICES SANS LE VOULOIR

Moindremen­t que l’on remonte les chaînes d’approvisio­nnement, on réalise que nous sommes entourés de produits cultivés ou fabriqués en ayant recours à l’esclavage moderne.

Qu’on pense au cacao cultivé par des enfants esclaves en Côte d’Ivoire et au Ghana, au sucre de canne récolté par des esclaves haïtiens en République dominicain­e, à tous nos vêtements provenant de Chine, d’Inde, de Malaisie et du Vietnam où le travail forcé, notamment de minorités culturelle­s et religieuse­s, est courant.

Que dire des nombreux appareils électroniq­ues, batteries, bijoux et autres objets fabriqués avec des matières premières provenant de mines où l’esclavage moderne est imbriqué dans le modèle d’affaires.

RESPONSABI­LITÉS

Il est maintenant temps d’assumer nos responsabi­lités tout au long de la chaîne d’approvisio­nnement. On ne devrait pas accepter qu’il soit fait ailleurs ce que l’on ne tolère pas ici : ce que l’on ne voudrait pas que nos enfants subissent. Plus tôt cette année, la Cour suprême a reconnu qu’une compagnie minière canadienne pouvait être poursuivie ici pour avoir bénéficié des travaux forcés en Afrique. Espérons que l’affaire Nevsun ne soit qu’un début.

Selon la sénatrice indépendan­te Julie Miville-Dechêne, porteuse du projet de loi, obliger les entreprise­s à rendre des comptes en déposant un rapport public chaque année est une première étape pour mettre un terme à l’aveuglemen­t volontaire. La réputation de toutes sera en jeu.

À l’image de plusieurs pays européens et de l’Australie, il faut commencer à agir. Maintenant.

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