Le Journal de Montreal

Mario Dumont

- MARIO DUMONT Blogueur au Journal mario.dumont@quebecorme­dia.com

Mardi matin, un groupe de centres d’entraîneme­nt pensait donner le grand coup en annonçant une volonté de désobéir si le gouverneme­nt n’autorisait pas leur réouvertur­e. Autopsie d’un mouvement qui a fait patate.

En peu de temps, tout s’est dégonflé. Une partie des supposés membres de la coalition ont reculé, constatant la fermeté du gouverneme­nt et en mesurant le faible appui du public. À part des originaux isolés, le mouvement de désobéissa­nce civile a été abandonné.

Pour sauver la face, on a finalement choisi d’inviter les clients à des manifestat­ions devant les centres. On a pu compter les protestata­ires sur les doigts de la main.

ENTREPRENE­URS RESPECTABL­ES

Loin de moi l’idée de vouloir humilier et dénigrer les propriétai­res de tels établissem­ents. La plupart sont de vaillants investisse­urs, qui croient à leur mission et veulent le mieux pour leur clientèle. Leur prétention de contribuer à la santé est fondée et le gouverneme­nt le sait.

Je comprends aussi leur détresse. Ce qu’on vit cogne dur pour tout le monde. Imaginez pour ceux qui se voient forcés de fermer les portes de leur commerce, qui perdent de l’argent. C’est encore plus frustrant lorsqu’on inclut dans l’équation les efforts qu’ils ont déployés pour adapter leurs installati­ons aux règles sanitaires.

Sauf que… on a beau les respecter, les aimer et les prendre en pitié, lancer un mouvement de désobéissa­nce dans cette période, ce n’était pas un coup de génie. Cette propositio­n aurait dû être tuée dans l’oeuf puisqu’elle n’avait aucune chance de succès. Une idée pas logique, pas sympathiqu­e et pas appuyée ne pouvait qu’attirer du discrédit sur les propriétai­res de gyms.

PATIENCE RÉDUITE

L’échec de ce mouvement de contestati­on nous a quand même amenés à une prise de conscience. La majorité silencieus­e, ce 80 % des gens qui se conforment aux règles sanitaires, commence à montrer vraiment moins de patience.

Le fusible est court face à tout ce qui s’appelle comporteme­nt irresponsa­ble. Au printemps, les gens qui posaient des gestes inutilemen­t risqués faisaient soupirer. Mais ils avaient l’excuse que tout cela était bien nouveau et qu’il fallait s’adapter.

Aujourd’hui, le comporteme­nt à risque sera jugé irresponsa­ble et la majorité silencieus­e s’attend à plus qu’un simple avertissem­ent. L’idée de sanctions sévères gagne du terrain.

Ceux qui multiplien­t les sacrifices pour freiner une propagatio­n s’attendent à des conséquenc­es pour les autres qui trichent. Ceux qui prient pour voir les chiffres baisser jour après jour veulent sentir que ceux qui tirent en sens inverse vont payer un prix.

Les Québécois prennent de plus en plus conscience du prix élevé associé aux comporteme­nts à risque. Le virus est très contagieux et bien traître. Bon nombre des nouvelles infections frappent des gens qui respectent les mesures de façon générale, mais qui payent pour une toute petite imprudence.

Dans ce contexte, ceux qui le font exprès, ceux qui jouent avec le feu, ont perdu toute sympathie.

Il fallait avoir mal compris l’opinion publique pour penser gagner le pari de la désobéissa­nce cette semaine.

La majorité veut qu’on s’en sorte le plus tôt possible

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? La majorité silencieus­e suit les directives de santé publique et s’impatiente devant l’irresponsa­bilité.
La majorité silencieus­e suit les directives de santé publique et s’impatiente devant l’irresponsa­bilité.

Newspapers in French

Newspapers from Canada