Michel Girard
Attachez vos tuques si jamais le résultat des élections présidentielles de mardi prochain s’avère le moindrement serré entre Donald Trump et Joe Biden. Bien que Biden domine dans les sondages nationaux, il se peut fort bien qu’au final, Trump réussisse à le « chauffer » d’aplomb.
Dans un tel cas, il est évident qu’il y aura contestation de l’élection. D’autant qu’il se peut fort bien qu’un grand lot de votes par correspondance nécessite plusieurs jours de dépouillage après le jour du scrutin. À cause de la peur générée par la COVID-19, un nombre record d’électeurs américains devraient voter par correspondance cette année, ce qui rend le dépouillage des votes encore plus problématique.
Si le scénario de la contestation prend place le lendemain matin des élections américaines, cela risque d’ébranler solidement les marchés boursiers.
L’analyste géopolitique Angelo Katsoras, de la Financière Banque Nationale, nous rappelle qu’un scénario similaire s’était produit en 2000 entre George W. Bush et Al Gore.
« L’issue de l’élection était restée indécise pendant cinq semaines à cause de la bataille du décompte des suffrages de la Floride. Le gagnant a été déclaré le 13 décembre, seulement une fois qu’Al Gore eût concédé la défaite après l’intervention de la Cour suprême pour attribuer l’État à George Bush. »
Conséquence de cette contestation électorale ? Durant les cinq semaines d’attente, le principal indice de la Bourse américaine, le S&P 500 de New York, avait chuté de 12 %.
Pire encore. « Étant donné l’animosité qui règne entre les deux partis et leurs partisans, renchérit Angelo Katsoras, une réédition de 2000 serait probablement encore plus tendue, les deux partis voyant chacun dans l’autre une menace pour l’avenir du pays. »
Pour vous montrer à quel point le scénario de la contestation est pris au sérieux, sachez que les démocrates de Joe Biden et les républicains de Donald Trump ont déjà constitué des équipes juridiques massives justement en prévision d’une contestation de l’élection.
SI BIDEN L’EMPORTE
Il faut s’attendre à ce que les démocrates étendent le filet de sécurité de la santé, et ce, en renforçant notamment l’Obamacare.
Autres priorités : réaliser un ambitieux plan d’énergie verte sur quatre ans ; hausser les dépenses en infrastructures ; rendre gratuites les études universitaires pour les étudiants issus de ménages gagnant moins de 125 000 $ ; et tripler le financement fédéral des écoles dans les quartiers défavorisés.
Sur le plan fiscal, Joe Biden veut augmenter le taux d’imposition des sociétés de 21 % à 28 % et imposer un impôt minimum de 15 % sur les bénéfices.
Les particuliers sont aussi dans le collimateur. Il veut hausser le taux d’imposition maximal à 39,6 %, soit 2,6 points de plus qu’actuellement, pour les personnes gagnant plus de 400 000 $.
Et pour les particuliers gagnant un revenu de plus de 1 million $, Biden veut imposer leurs gains en capital et dividendes au même taux que le revenu ordinaire.
SI TRUMP CAUSE LA SURPRISE
Dans un tel cas, Donald Trump va sans doute se retrouver aux prises avec un gouvernement encore divisé, où les républicains conserveraient le contrôle du Sénat et les démocrates, eux, celui de la Chambre des représentants.
Il sera ainsi forcé de gouverner essentiellement par décrets pour imposer ses politiques dans les domaines de la santé, de l’énergie et de la réglementation financière.
L’un des rares sujets où les démocrates et les républicains s’entendent porte sur les sanctions visant la Chine.
Ses priorités au cours d’un second mandat visent la déréglementation, la réduction des impôts, la mise en place de politiques commerciales protectionnistes, la baisse des prix des médicaments, la diminution des primes d’assurance, la constitution de stocks de matériel médical en vue d’affronter les futures pandémies.
HISTORIQUEMENT…
Qu’il y ait une recrudescence de volatilité boursière lors d’une année d’élections présidentielles américaines, c’est courant. Et à ce chapitre, on peut dire que 2020 nous en a fait voir de toutes les couleurs.
Je vous rappelle que le 20 février dernier, les grands indices américains enregistraient des records historiques. Un mois plus tard, le 23 mars, ils accusaient des reculs de 30 % et plus. Et au début de septembre, le S&P 500 et le Nasdaq réenregistraient de nouveaux records de tous les temps.
Et en cette semaine préélectorale, bang ! Les Dow Jones, S&P 500 et Nasdaq chutaient de 5 à 7 %. Comme d’habitude, la chute à Wall Street a entraîné l’ensemble des grandes places boursières dans le rouge foncé.
La mise à jour étant faite, sachez que, que ce soit le démocrate Joe Biden qui l’emporte ou le républicain Donald Trump, le marché boursier, lui, a progressé sous 11 règnes présidentiels sur 13.
Cela laisse entendre que la performance boursière est influencée par nombre de facteurs économiques et financiers non reliés à la prestation du président des États-Unis qui est en poste, qu’il soit républicain ou démocrate.