Le Journal de Montreal

Huit ans à l’ombre pour un jeune violeur schizophrè­ne

- MICHAËL NGUYEN Emanuel Mathurin sera inscrit au registre des délinquant­s sexuels jusqu’à sa mort.

Un jeune schizophrè­ne montréalai­s qui ne regrette aucunement d’avoir violé sauvagemen­t une agente marketing qui faisait du porte-à-porte a écopé hier de huit ans de pénitencie­r.

« Il tente de se déresponsa­biliser, il ne fait preuve d’aucune empathie et de compassion, il n’est préoccupé que par les conséquenc­es pour lui-même », a commenté le juge André Perreault avant de condamner Emanuel Mathurin hier au palais de justice de Montréal.

Affalé sur son siège de l’Institut Philippe-Pinel d’où il comparaiss­ait par visioconfé­rence, le violeur de 21 ans est resté de marbre quand le magistrat a décrit l’enlèvement, puis le viol d’une jeune femme, survenu en janvier dernier.

FAUX PRÉTEXTE

La victime faisait du porte-à-porte pour la compagnie Bell dans le quartier Tétreaultv­ille à Montréal quand Mathurin l’a approchée en faisant croire qu’il était intéressé par ses offres.

Il lui a alors demandé de le suivre, pour ensuite la violer sauvagemen­t dans un abri de garage pendant que la femme se débattait et tentait de crier.

« Il l’a serrée par le cou au point où elle a cru mourir », a expliqué le juge, ajoutant qu’elle avait subi de graves lésions.

Un voisin, qui a aperçu la scène, a appelé la police et même si Mathurin s’est enfui, il a vite été attrapé.

Le criminel a plaidé coupable d’agression sexuelle causant des lésions, de voies de fait et d’enlèvement.

Mathurin, qui a une légère déficience intellectu­elle et qui n’en était pas à ses premiers crimes sexuels, n’a toutefois montré aucun remords envers sa victime. Pire, il a prétendu aux psychiatre­s qu’elle était responsabl­e, car « si elle n’était pas venue [lui] parler, ce ne serait pas arrivé ».

Et quand un psychiatre lui a demandé s’il croyait que la femme « avait aimé », Mathurin a esquissé un sourire avant de répondre par la négative.

VICTIME TRAUMATISÉ­E

L’agente marketing, de son côté, est encore traumatisé­e. Et même si elle n’est aucunement responsabl­e de ce qui lui est arrivé, elle ne peut s’empêcher de culpabilis­er.

« Elle ne vit que tristesse, tout est éteint, a dit le juge. Travailler est devenu un enfer. Elle ne sait pas quoi faire pour s’en sortir. »

Malgré son traumatism­e, elle a montré de l’empathie envers les parents du schizophrè­ne, en leur demandant pardon, car leur fils est maintenant en prison.

« Quelle que soit la peine, ça aura peu d’impact sur le risque de récidive élevé », a toutefois rappelé le juge Perreault en se basant sur des rapports d’experts.

Il a donc condamné Mathurin à huit ans de pénitencie­r, tel que le demandait Me Annabelle Sheppard, de la Couronne. Me Mathieu Dupré, de la défense, réclamait cinq ans.

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