Quel candidat ferait un bon voisin pour le Canada ?
Une analyse de leur programme montre que la réponse à cette question est plus complexe qu’il n’y paraît
OTTAWA | Sous Donald Trump, la relation canado-américaine en a pris pour son rhume et une majorité de Canadiens espèrent une victoire de Joe Biden pour recoller les pots cassés. Mais l’analyse du programme des deux candidats est loin d’assurer que le démocrate ferait un bien meilleur voisin.
Notre pays « bénéficierait à plusieurs égards de l’élection de M. Biden », un politicien centriste, prévisible, défenseur du consensus et de la coopération internationale, selon la Banque de développement du Canada (BDC).
Sa victoire se traduirait par « moins d’incertitude en matière d’échanges commerciaux » et « le multilatéralisme reprendrait du mieux, un facteur important pour une économie exportatrice comme la nôtre », indique la banque.
PROTECTIONNISME
Mais la fin de l’incertitude, qui a miné l’économie américaine et ses relations avec le monde depuis 2017, pourrait bien être la seule amélioration réelle à prévoir sous une administration Biden, estime l’économiste et expert en relations internationales Scott Lincicome, de l’Institut Cato à Washington.
Son collègue de la Banque Scotia, Derek Holt, qui a analysé les deux plateformes politiques, souligne que les deux candidats font campagne sur des programmes profondément protectionnistes qui laissent présager que les conflits commerciaux pourraient perdurer, peu importe qui l’emportera mardi.
« Il n’est pas du tout clair que Biden – bien que plus courtois – serait un meilleur ami du Canada », dit-il.
RETOUR À LA NORMALE
Mais dans les coulisses d’Ottawa, on espère surtout « un retour à la normale politique » que personnifie Joe Biden.
Bien que mince, une telle amélioration serait une bouffée d’air frais après quatre années erratiques.
Depuis son élection, Donald Trump a multiplié les frondes contre les exportations canadiennes, en imposant des tarifs douaniers et en déchirant l’Accord de libre-échange nord-américain.
Il s’en est même pris personnellement à la vice-première ministre, Chrystia Freeland, et au premier ministre, Justin Trudeau, « un hypocrite » à qui il réserve « une place spéciale en enfer », écrit son ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, dans un livre paru au début de l’été.
Le Journal a cependant voulu aller au-delà de la rhétorique, car comme toujours, le diable est dans les détails.
Pour le débusquer, nous nous sommes penchés sur quatre thèmes clés des plateformes démocrate et républicaine qui auront inévitablement un impact sur nos relations : le commerce, l’environnement, la Chine et la défense.