Plus rien ne peut le sauver
Mardi, ce sera Biden et ce ne sera même pas serré. Donald Trump soulèvera une tempête, jurera qu’il s’est fait voler. Et ses partisans — une bonne majorité — le suivront, contestant la légitimité de l’élection. Trump qui a cochonné la fin de la présidence d’Obama, en mettant en doute sa citoyenneté américaine, va cochonner le début de celle de Biden.
Les planètes sont alignées pour le candidat démocrate. Pas un indicateur qui déraille, à commencer par les sondages qui, à la grandeur du pays comme dans la plupart des États stratégiques, le placent devant. Les sondeurs se sont retrouvés déculottés en 2016 ; cette année, ils ont corrigé le tir, au point — c’est mon soupçon — de sous-estimer Biden.
Le vote par anticipation et par correspondance n’arrête pas d’estomaquer les politologues. On se dirige vers une participation historique. Et qui se pointe au juste ? Les jeunes, c’est vrai, mais les minorités surtout. Les Afro-Américains, en particulier, votent « with a vengeance »: on trouve depuis des générations le moyen de leur faucher ce droit ; cette fois-ci, ils sont de bonne heure et ils sont nombreux.
LES JEUNES COMME LES VIEUX
Revenons aux jeunes : toujours énervés pendant les campagnes, ils traînent les pieds le jour du vote. Cette année, leur mobilisation sort d’une série d’électrochocs.
Souvenez-vous de la tuerie à la polyvalente de Parkland, en Floride ; jamais vu à Washington autant de jeunes hurler leur ras-le-bol de la violence armée.
En fait, jusqu’à ce printemps et les manifestations pour le respect de la vie des Noirs. Ils sont sur une lancée et cette élection présidentielle se trouve sur leur chemin.
Les électeurs plus vieux ne donnent pas leur place non plus. Ils sont, à juste titre, obnubilés par la COVID.
Le président a beau prétendre que « le virage a été pris », le pays atteint des sommets de nouveaux cas et, tristement dans certains États, des records de décès.
Les électeurs âgés sont inquiets. Ils le font savoir par millions, en envoyant leur bulletin par la poste.
TANT PIS POUR LUI
Une fameuse « Surprise d’octobre » aurait pu changer l’allure du scrutin. Il y a bien eu la mort de la juge Ginsburg et son remplacement à la Cour suprême par une juge plus conservatrice.
On a aussi beaucoup parlé des impôts insignifiants payés par Trump et un peu moins des affaires louches du fils de Joe Biden, Hunter, en Ukraine.
Ultimement, pas même la contamination du président par le coronavirus n’a joué sur l’humeur des électeurs.
Pire encore pour lui, le risque de complications — la possibilité qu’il en meure — n’a pas même inspiré une vague de sympathie à son égard. Quand tu en arrives là, plus rien ne peut te sauver.