Le Journal de Montreal

La famille du présumé djihadiste sous le choc en Tunésie

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SFAX | (AFP) La famille en Tunisie de l’auteur présumé de l’attentat meurtrier de Nice en France le décrit comme un jeune homme qui s’est isolé et tourné vers la religion depuis deux ans, mais peine à croire qu’il a tué trois personnes dans une église.

« Ce n’est pas normal », répétait hier son frère Yassine, disant ne pas comprendre comment Brahim Issaoui, âgé d’à peine 21 ans, pourrait en être arrivé là.

Né dans une famille modeste comptant huit filles et trois fils, Brahim Issaoui habitait avec ses parents dans une maison simple, sur une rue défoncée d’un quartier populaire à la périphérie de la ville côtière de Sfax, dans le centre de la Tunisie.

Selon les autorités tunisienne­s, le jeune homme n’était pas fiché pour terrorisme. Mais il « a des antécédent­s judiciaire­s de droit commun, de violence et de drogue », selon Mohsen Dali, substitut du procureur général au tribunal de première instance de Tunis. « Il a quitté le pays clandestin­ement le 14 septembre ».

APPEL À SA FAMILLE

Brahim Issaoui a appelé sa famille mercredi soir en leur annonçant qu’il venait d’arriver en France, en provenance d’Italie, où il a travaillé à la récolte des olives avec un cousin, après une traversée en Méditerran­ée il y a un mois et demi.

« Il a dit que la France, c’est mieux pour le travail et en Italie il y a trop de monde », dit Yassine.

Sa mère, Gamra, en pleurs, tient dans les mains la photo de son fils en sweat à capuche blanc.

Elle raconte qu’il avait décroché de l’école en première année de collège, puis « il a travaillé dans la réparation des motos ».

Après avoir mis de l’argent de côté, il avait lancé un petit débit d’essence informel, comme on en trouve dans de nombreuses localités de Tunisie.

« Je lui ai dit de louer une petite échoppe avec ces 1100 à 1200 dinars (environ 600 $) afin de pouvoir travailler. Il m’a dit qu’il voulait faire un cabanon pour vendre de l’essence ».

« Depuis près deux ans » il s’est isolé et avait commencé « à faire la prière », ajoute-t-elle. « Il allait du travail à la maison, ne sortait pas et ne se mélangeait pas avec les autres. »

DROGUES ET ALCOOL

Avant cela, il rentrait souvent ivre le soir. « Il buvait de l’alcool et consommait de la drogue. Je lui disais “nous sommes nécessiteu­x, et toi tu gaspilles de l’argent ?” Il répondait “si Dieu le veut, il va m’orienter vers le bon chemin, ça me regarde”. »

Toute la famille est choquée ! Nous sommes tous contre le terrorisme et nous nous sentons déshonorés par ces actes ! », martèle un cousin, Kaies Issaoui.

Brahim Issaoui avait déjà tenté la traversée périlleuse de la Méditerran­ée pour l’Italie, en vain. Il n’avait pas prévenu ses proches de son dernier départ, selon son frère.

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