Le Journal de Montreal

Une ligue en plein brouillard

- YVON PEDNEAULT yvon.pedneault@quebecorme­dia.com

Doit-on s’étonner que certains propriétai­res de la Ligue nationale de hockey s’interrogen­t sur l’avenir de leur concession ?

Le hockey profession­nel tire plus de 50 % de ses revenus – peut-être plus de 60 % – aux tourniquet­s.

Or, les amphithéât­res sont fermés. Et on ignore quand la situation reviendra à la normale, si c’est toujours possible.

Le propriétai­re des Hurricanes de la Caroline questionne sa décision d’investir dans le hockey profession­nel. Celui des Stars de Dallas a perdu une petite fortune depuis quelques années. Les Panthers de la Floride ne savent pas comment fonctionne­nt les tourniquet­s.

Il s’agit de quelques exemples. Et le pire est à venir.

Va-t-on poursuivre les activités en 2021 ? La question demeure sans réponse parce que, justement, on devra implanter de nouvelles règles du jeu et on n’a aucun précédent pouvant guider les décisions.

Jusqu’ici, ce que l’on a avancé comme solution : une division canadienne et trois divisions américaine­s.

Voilà un scénario plausible.

Mais sur la table à dessin, parce qu’il faut bien que les décideurs de la Ligue nationale multiplien­t les modèles d’affaires permettant aux propriétai­res d’amenuiser les pertes, on ne parvient pas à dresser un plan d’opération pour la prochaine saison.

QUESTIONS SANS RÉPONSES

Il y a plusieurs obstacles à surmonter. Va-t-on être en mesure d’ouvrier les amphithéât­res ?

Combien de matchs va-t-on disputer ? Conservera-t-on la formule des séries éliminatoi­res, version été ?

Devra-t-on garder un plus grand nombre de joueurs au sein d’une formation en raison des exigences d’un calendrier compressé ?

Et, comme je le soulignais la semaine dernière, comment va-t-on convaincre les joueurs d’accepter une autre diminution de salaire ?

Je vous avais informé que déjà les joueurs verseront 10 % comme prêt aux propriétai­res et 20 % des 90 % du contrat seront versés au compte en fidéicommi­s créé pour combler le manque à gagner dans les revenus.

Mais la pandémie remet tout en question. Des gens ont perdu leur emploi, des entreprise­s vont fermer, les employeurs doivent modifier l’échelle des salaires. Les gouverneme­nts s’engouffren­t dans des déficits qui prendront des années à effacer et, encore là, les projection­s des experts alimentent un pessimisme alarmant.

PAS UN BLUFF

Le sport n’y échappe pas. Les équipes du baseball majeur ont déjà mis en place une stratégie où, dans certains cas, elles refusent d’exercer les options sur les contrats venus à échéance.

Les membres de l’Associatio­n des joueurs de la Ligue nationale auront d’importante­s décisions à prendre. Ce n’est pas comme lors du dernier lockout, alors qu’on avait fermé les amphithéât­res pour un an. Cette fois-ci, les propriétai­res ne bluffent pas. Il n’y a personne dans les gradins. Pas de revenus aux guichets, pas de revenus aux concession­s, pas de revenus provenant du marketing.

Il n’y a que la télé et, encore là, les diffuseurs ont des ententes relativeme­nt à la présentati­on de 82 matchs et des séries éliminatoi­res tenues d’avril à la mi-juin.

Les joueurs doivent-ils envisager une autre réduction salariale ?

Absolument.

SAUVER LES MEUBLES

Les propriétai­res, à n’en pas douter, tenteront de convaincre l’AJLNH d’envisager la perspectiv­e d’une rémunérati­on au prorata du nombre de matchs proposés pour la prochaine saison.

En juillet dernier, les deux clans, les propriétai­res et les joueurs, ont prolongé leur entente jusqu’à 2026. Par ailleurs, il n’y a aucune clause sur la valeur des contrats si jamais on devait écourter la saison.

Les joueurs peuvent toujours avancer qu’ils ont fait leur part jusqu’à maintenant. Les propriétai­res ne croyaient pas cependant que la pandémie ferait à nouveau des ravages. Les pays européens imposent des restrictio­ns sanitaires encore plus sévères. Les États-Unis, avec un nombre croissant de cas et de décès, semblent avoir perdu le contrôle de la situation. Au Canada, c’est loin de s’améliorer.

À la table des négociatio­ns, on parlera surtout de l’aspect financier et, surtout, de quoi faire pour sauver l’entreprise.

Et ça touche non seulement les investisse­urs, c’est-à-dire les propriétai­res, mais aussi les patineurs…

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PHOTO D’ARCHIVES Comme les revenus de la LNH subiront assurément une importante baisse, les joueurs doivent se préparer à une réduction de leurs salaires.

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