Le Journal de Montreal

Dans la tête des trumpistes

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Au moment d’écrire ces lignes, nous ne savons toujours pas qui sera le prochain président des ÉtatsUnis.

Cela confirme une chose : le système politico-médiatique a beau avoir tout fait pour expulser Donald

Trump de la Maison-Blanche, on a trouvé des dizaines de millions d’Américains pour le soutenir.

Que ses électeurs aient voté pour lui sans plaisir ou dans l’enthousias­me ne change rien au fait qu’ils ont résisté à une campagne médiatique le présentant comme un ennemi de l’humanité.

RÉVOLTE

Les électeurs de Trump ne sont pas tous fous

Bien des commentate­urs ne comprennen­t tout simplement pas que des électeurs normalemen­t constitués se soient permis de voter pour lui, sauf à diagnostiq­uer chez eux de basses pulsions racistes, sexistes et complotist­es. Sa candidatur­e attire assurément des coucous. On ne saurait pourtant l’y réduire.

Voyons les choses à partir d’un autre angle.

Trump était en 2016 un candidat antisystèm­e. En 2020, il l’était encore.

C’est que le véritable pouvoir, aujourd’hui, est concentré dans un système médiatique dominé par le politiquem­ent correct inspiré par la gauche radicale. Souvent, il déforme la réalité, à force de la présenter sous un angle tortueux, au point de créer une réalité alternativ­e. Cela devient choquant.

Comment se fait-il, par exemple, que nous soyons tous convaincus que Donald Trump est l’unique responsabl­e des violences et des émeutes raciales qui ont frappé les États-Unis depuis l’été 2020 sans que nous ne portions attention au rôle de l’extrême gauche antifa et de la frange ultraradic­ale du mouvement BLM ?

La révolte contre les médias est au coeur de l’insurrecti­on populiste partout en Occident. Cette révolte est indissocia­ble de l’exaspérati­on contre la cancel culture, qui caractéris­e une université en décomposit­ion où les milices de la gauche radicale imposent une forme de terreur intellectu­elle.

La rupture entre les élites médiatico-intellectu­elles et les classes populaires est profonde.

Trump a été porté par cette révolte antisystèm­e. L’économie n’explique pas tout. La politique est aussi une guerre culturelle.

On a répété que Trump pourrait contester les résultats s’il perdait les élections. Les milices qui sont prêtes à se mobiliser s’il perd pour le garder au pouvoir représente­nt un extrémisme répugnant.

Mais n’oublions pas que s’il gagne dans les règles, il y a bien des chances que des centaines de milliers de personnes refusent furieuseme­nt sa victoire.

Les États-Unis sont tellement divisés idéologiqu­ement que les deux camps qui s’y affrontent ne sont plus prêts à accepter la possibilit­é de la victoire de l’autre.

Trump n’a pas été un grand président. S’il perd, son départ entraînera peut-être un apaisement temporaire des États-Unis.

VIOLENCE

Mais il fut l’expression d’une colère profonde et légitime qui ne se dissipera pas d’un coup s’il quitte la Maison-Blanche.

Notre monde, qui est celui de la mondialisa­tion sauvage, de l’immigratio­n massive, du choc des civilisati­ons et des identités, de l’agression islamiste, de la fanatisati­on de la gauche universita­ire, de la rectitude médiatique et du retour de la violence politique, ne peut plus s’attendre à une politique.

Quel que soit le vainqueur, il serait temps d’essayer de comprendre cet électorat en révolte.

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