Le Journal de Montreal

La mère d’un homme handicapé déplore les services réduits

Son fils privé de ses ateliers à cause de la pandémie a fait une crise

- CLARA LOISEAU

La mère d’un homme handicapé se sent abandonnée par le système de santé qui la pousse à choisir entre médicament­er son fils ou le faire déménager de l’endroit où il vit depuis 12 ans.

« On veut le droguer ou même l’expulser, parce qu’on n’est pas capable de lui redonner le travail qu’il aime et qu’il réclame. Depuis le début de la pandémie, c’est la première fois qu’il fait une crise. Yanick a toujours eu des problèmes de comporteme­nt, mais il en avait de moins en moins », déplore Danielle Gaudet, la mère de l’homme de 46 ans ayant une déficience intellectu­elle.

Avec l’arrivée de la COVID-19, le quotidien du quadragéna­ire a été chamboulé. Du jour au lendemain, le confinemen­t lui a retiré ce qu’il appelle son « travail », une activité organisée par le Centre intégré universita­ire de Santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud de Montréal.

Selon Mme Gaudet, la crise de son fils pourrait être liée à sa frustratio­n de ne pas pouvoir aller à son atelier depuis le mois de mars. Il y allait cinq fois par semaine.

« Il a vraiment hâte de retourner travailler. Tous les jours, il me demande quand il pourra y aller, et moi je ne peux rien lui dire, car je n’en sais rien », souffle-t-elle.

En raison de son trouble de comporteme­nt, c’est une augmentati­on de sa médication qui a été envisagée afin de réduire les chances qu’il fasse de nouvelles crises.

Mais la direction de la ressource où Yanick vit depuis 12 ans a également indiqué à Mme Gaudet qu’on pourrait l’expulser à cause de sa crise, explique la dame de 71 ans.

AUCUN REPÈRE

En faisant cela, il serait alors dirigé vers une nouvelle ressource où il ne connaîtrai­t personne et n’aurait aucun repère.

Une solution encore plus dommageabl­e pour le bien-être de son fils, estime la mère.

« J’aimerais qu’on écoute les besoins de mon fils. Je ne demande pas à ce qu’il retourne travailler forcément cinq jours par semaine, mais au moins une à deux fois. Il faut d’abord voir si cela permet de ne pas refaire de crise », pense Mme Gaudet.

Pour le moment, seulement 50 % des activités offertes par le CIUSSS ont été reprises, explique Carla Vandoni, directrice des Services en déficience intellectu­elle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique au centre intégré.

« On sait que cette pandémie a été difficile pour nos familles et on prévoit que toutes nos activités vont être reprises d’ici le mois de décembre à 100 % », ajoute Mme Vandoni.

INCOMPRÉHE­NSIBLE

Mais pour Suzanne Beaulieu, directrice de l’organisme La gang à Rambrou, qui accueille Yanick deux fois par semaine autour d’activités musicales, il est incompréhe­nsible que la majorité des organismes aient déjà repris leurs activités, mais pas le CIUSSS.

Et selon elle, cette situation cause de très nombreux problèmes.

« Quand on laisse quelqu’un chez lui à ne rien faire, sans activité valorisant­e, cette personne va perdre petit à petit ses acquis, perdre son autonomie, perdre son estime de lui-même et aussi sa confiance envers les gens qui l’entourent », explique Mme Beaulieu.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Danielle Gaudet espère que son fils de 46 ans, Yanick, qui vit avec une déficience intellectu­elle, pourra retrouver son « travail », mis sur pause à cause de la pandémie de COVID-19. Ses ateliers lui procurent beaucoup de bonheur et de stabilité au quotidien.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Danielle Gaudet espère que son fils de 46 ans, Yanick, qui vit avec une déficience intellectu­elle, pourra retrouver son « travail », mis sur pause à cause de la pandémie de COVID-19. Ses ateliers lui procurent beaucoup de bonheur et de stabilité au quotidien.
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