On n’a plus les leaders qu’on avait
Les résultats serrés du vote aux États-Unis m’amènent à la conclusion que le modèle de chef d’État que j’ai toujours imaginé et admiré est peut-être révolu. Le président Trump a fait mieux que prévu, et son adversaire, le contraire.
Je croyais qu’au-delà des politiques présentées, les qualités essentielles pour diriger un État devaient être la rigueur, la vision, la compétence, le respect, la compassion, l’expérience, l’art de manier les mots, et surtout, la capacité de comprendre, d’inspirer et d’unir.
J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs chefs d’État et de gouvernement et c’était ma conclusion.
L’appui massif au président Trump vient me confirmer que cet idéal n’est peut-être plus celui qui prévaut aujourd’hui et que d’autres facteurs sont plus importants. C’est un constat difficile à accepter, mais les conséquences de cette saga électorale seront nombreuses.
LA LÉGITIMITÉ PERDUE
Les États-Unis d’Amérique ont une influence majeure sur l’échiquier mondial. On a souvent entendu ses ténors dire à la planète que la démocratie est l’une des valeurs fondamentales que l’on se doit de promouvoir.
Le président Trump répétait déjà depuis plusieurs semaines qu’il ne faisait pas confiance au système de votation mis en place dans le cadre de cette élection, alors qu’il occupait le poste-clé pour contribuer à le rendre encore plus sécuritaire et accessible.
La prochaine fois que les États-Unis voudront donner la leçon à un pays concernant ses règles démocratiques de votation, il est probable que son influence sera moindre.
Cette légitimité sera également testée dans la capacité du prochain président à gouverner le pays. La fracture est si évidente qu’il ne pourra faire abstraction de son rôle d’apaiser les tensions au détriment de l’application pure et simple de son programme électoral.
LES USA D’ABORD
La vision du rôle des États-Unis dans le monde est très différente entre les démocrates et M. Trump. Pour ce dernier, dans les relations avec ses partenaires mondiaux, c’est l’Amérique d’abord, mais également l’Amérique seulement.
Le vide déjà créé sur la scène internationale donne plus de poids aux concurrents naturels des ÉtatsUnis, comme la Chine. Un retour au concert des Nations sur les sujets pressants tels que la lutte contre les changements climatiques ou la sécurité se fera plus lentement que prévu.
UNE NOUVELLE ÈRE
Au cours des dernières années, nous avons observé un mouvement citoyen visant à expulser les politiciens dits de carrière à l’extérieur des sphères du pouvoir. En France, le mouvement du président Macron a modifié les clivages habituels.
Même chose aux États-Unis et au Québec. Seule différence, le premier ministre Legault est le plus expérimenté des parlementaires à Québec.
Une nouvelle ère se confirme et les politiciens reçoivent un sérieux avertissement quant à la nécessité de prioriser réellement les craintes, ambitions et besoins réels des électeurs au-delà des idéologies et des grands plans d’action.
À l’évidence, les démocrates n’ont pas su le faire et ne comprennent plus l’électorat qu’ils tentaient de convertir.