Une gifle pour l’élite
Ils avaient des faces de carême. Tous.
Qui regardait mardi les émissions analysant la soirée électorale pouvait se contenter de regarder la mimique des commentateurs pour constater que les résultats des élections américaines leur déplaisaient.
Les électeurs n’ont pas voté comme on le leur commandait. Comment osent-ils ?
Alors les commentateurs se sont mis à chigner. À pleurnicher. Snif snif ! L’espérée vague bleue n’est pas arrivée ! Ils l’avaient pourtant prophétisée.
COMMENTARIAT
Et même si Biden l’emporte dans les prochains jours, ils demeureront inconsolables : le mal serait fait !
En 2016, après la victoire du Brexit et celle de Trump, les analystes avaient promis de changer, de ne plus confondre leurs préjugés avec la vérité.
Ils avaient même promis, généreux ethnologues, de se lancer à la découverte des gens qui ne pensent pas comme eux. Qu’ils feraient un gros effort pour essayer de sortir mentalement de leur milieu.
Ce fut un lamentable échec. Mardi soir, ils ont pris un coup de réel au visage.
En quatre ans, ils sont passés d’une théorie conspirationniste à l’autre pour expliquer la victoire de Trump. Ce fut d’abord l’oeuvre du génie maléfique Steve Bannon. Puis celle des Russes. Le commentariat a ensuite réduit l’électorat trumpien à la mouvance QAnon, comme s’il était exclusivement composé de dégénérés sous-éduqués.
Ce qu’il fait bon de se sentir moralement supérieur !
Pour peu qu’on fasse l’histoire du dernier siècle, l’intelligentsia médiaticouniversitaire n’est certainement pas la classe la plus éclairée.
Elle a embrassé les idéologies les plus dangereuses, du marxisme au multiculturalisme, et n’a jamais cessé de maudire, d’une manière ou d’une autre, la civilisation occidentale.
Elle le fait encore, aujourd’hui, comme on le voit avec son mélange de conversion et de soumission à la religion woke.
Qui s’aventure dans les départements de sciences sociales, dans l’université contemporaine, découvre un milieu intellectuellement irrespirable.
Quant au New York Times, qui se prend pour un haut lieu du journalisme contemporain, il s’est comporté, depuis quatre ans, comme une misérable petite Pravda américaine. Plusieurs ont suivi son exemple.
Osons quelques questions. Le commentariat est-il capable, un seul instant, de ne pas réduire la critique de l’immigration massive au racisme et celle des excès du féminisme au sexisme ?
De reconnaître que la frange radicale du mouvement Black Lives Matter était fondamentalement violente et antidémocratique ?
D’admettre qu’accuser les Blancs de racisme simplement parce qu’ils sont Blancs est odieux ?
D’admettre que le politiquement correct n’est pas marginal, mais notre nouvelle morale officielle ?
GUERRE CULTURELLE
Ceux qui réduisent la politique à l’économie ont tout faux. Il y a aux États-Unis une guerre culturelle.
Si on garde cela en tête, on peut comprendre pourquoi un vaste électorat a décidé de soutenir un homme grossier, vulgaire, mesquin, mais qui est parvenu à prendre le rôle de défenseur d’une partie de la population qui a vu en lui une manière de riposter au mépris qu’elle subit.
À quand l’autocritique des médias « progressistes » ?