Un dur lendemain de veille
La panique s’emparait du clan Trump hier alors que le suspense perdurait pour l’issue du vote à la présidentielle
« NOUS NOUS PRÉPARIONS POUR UNE GRANDE FÊTE. NOUS GAGNIONS TOUT, ET TOUT D’UN COUP, ÇA A ÉTÉ ANNULÉ. » – Donald Trump
Mensonges éhontés, démocratie bafouée et guérilla judiciaire ; au lendemain d’une élection qui plonge les États-Unis dans une situation explosive, Donald Trump a multiplié les tentatives pour s’accrocher au pouvoir.
Alors que chaque vote sera déterminant pour l’avenir des États-Unis, des partisans de Joe Biden ont défilé hier soir à New York en demandant à ce que « chaque bulletin de vote soit compté ».
Pendant ce temps, des supporteurs de Donald Trump manifestaient à Detroit, dans le Michigan, pour exiger au contraire l’arrêt du dépouillement dans cet État clé (voir pages 12 et 13).
La tension était à son comble hier soir. Les électeurs américains, divisés comme jamais, ne savaient toujours pas qui les présidera pour les prochaines années, mais Joe Biden était aux portes de la Maison-Blanche (voir page 2).
Jamais autant d’Américains n’ont démontré un tel intérêt pour l’élection présidentielle depuis que les femmes ont le droit de vote. Environ 160 millions d’électeurs ont voté, un taux de participation estimé à 67 %, contre 59 % en 2016.
TRUMP SE DÉCLARE VAINQUEUR
Pourtant, Trump a enflammé le web dans la nuit de mardi à hier après s’être prématurément déclaré vainqueur avant la fin du dépouillement des votes.
Le président a multiplié les messages trompeurs par la suite (voir page 5).
« C’est surréel depuis quatre ans. On s’est habitué à voir des choses auxquelles on ne devrait pas s’habituer », lance Rafael Jacob, expert en politique américaine.
« On a affaire à une crise démocratique. Ce n’est pas normal d’avoir un président qui soutient qu’il y a de la fraude électorale et qui s’autodéclare vainqueur », dit-il.
Le milliardaire de 74 ans et son entourage ont continué à mettre hier en doute l’intégrité du système électoral américain, une situation sans précédent selon Philippe Fournier, chargé de projet au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.
GUERRE JUDICIAIRE
Ça sentait la panique dans le clan Trump hier. Au risque de bafouer la démocratie, le républicain a annoncé son intention de faire invalider des bulletins qu’il estime frauduleux malgré l’absence de preuves. Son équipe de campagne a annoncé de multiples recours judiciaires (voir pages 2).
Par exemple, elle a déposé un recours pour obtenir la suspension du dépouillement dans l’État-clé de Pennsylvanie.
Pourtant, « ce ne sont pas des votes illégitimes, explique Andréanne Bissonnette, chercheuse à la Chaire Raoul-Dandurand. Avec l’élargissement du vote par la poste et par anticipation à cause de la pandémie, ce sont simplement des bulletins qui n’ont pas été comptés, même s’ils ont été remis à temps. »
Le système électoral américain est par ailleurs fragilisé par une persistante campagne de désinformation de l’équipe Trump, notent des experts.
En s’adressant à la nation depuis le Delaware hier, Joe Biden estime lui aussi que « chaque vote doit être compté ».
« Je ne suis pas ici pour déclarer que nous avons gagné, mais je suis ici pour signaler que lorsque le décompte sera terminé, nous serons les vainqueurs », a-t-il lancé avec confiance.