Le Journal de Montreal

Trop tôt pour blâmer les sondeurs, selon des experts

- SIMON BAILLARGEO­N

Il est peut-être un peu tôt pour tirer la pierre aux sondeurs, selon des experts, qui estiment que les résultats finaux des élections américaine­s seront beaucoup plus près de ce qui avait été prédit.

Nombreux ont été ceux qui sont allés au lit mardi soir alors que Donald Trump se pointait en tête du scrutin. Non seulement les sondages – qui prévoyaien­t une victoire de son rival Joe Biden – ne visaient pas dans le mille, mais ils n’avaient pas choisi le bon candidat.

Hier, la lutte s’avérait toutefois plus serrée entre Biden et Trump. Au moment de mettre sous presse, le premier récoltait 50,5 % des votes contre 48 % pour le milliardai­re républicai­n. Une tendance qu’avait remarquée la spécialist­e des sondages et professeur­e au départemen­t de sociologie de l’Université de Montréal, Claire Durand.

« Entre lundi midi et lundi soir, il y a 16 nouveaux sondages qui ont été publiés. Et, en gros, ils accréditai­ent l’idée d’une remontée de Trump », souligne Mme Durand, pour qui une élection « serrée et contestée » était « relativeme­nt évidente » en raison de ces 16 sondages la veille du scrutin.

« C’est un peu tôt pour juger des sondages, croit aussi Jean-Marc Léger, président et fondateur de Léger. Au final, quand tous les votes seront comptabili­sés, on ne sera pas si loin de nos prédiction­s. Attendons de voir quand les derniers résultats seront comptabili­sés. »

« UN MICROCOSME »

Mais comment expliquer que certains sondages promettaie­nt une victoire décisive au candidat démocrate ? Certains coups de sonde du mois d’octobre lui donnaient jusqu’à 10 points d’avance.

« Il y a eu 1500 sondages, au moins, de répertorié­s aux États-Unis durant l’élection. C’est énorme. Tu te retrouves dans un bruit qui est énorme », assure M. Léger, qualifiant l’élection américaine de « microcosme » où les sondeurs américains ont de la difficulté à saisir l’électeur.

Mme Durand pointe aussi les sondages web pour expliquer ce manque de précision. Ces sondages sur internet représente­nt 79 % de tous les coups de sonde.

« J’ai vu des sondages web dont l’échantillo­n était de mettre des annonces sur des applicatio­ns sur les téléphones cellulaire­s. […] Un instant. Les gens qui vont sur Facebook, ça ne représente pas une population. Ça, c’est un problème », rappelle-t-elle.

« Les sondages téléphoniq­ues, au moins, sont faits par des sondeurs établis. »

LES ÉLECTEURS TIMIDES

Quel que soit le résultat, les deux experts s’entendent toutefois pour dire que les électeurs timides (shy voters) ne sont pas un facteur déterminan­t.

Les « shy Trump voters » sont ces électeurs qui ne sont pas à l’aise de faire connaître leur choix en raison de la controvers­e entourant leur président. « Il y en a, mais ça joue moins qu’on le pense. Le plus important, c’est l’enthousias­me des électeurs de Trump. Les partisans de Trump ont voté », dit M. Léger.

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