Trump n’a pas de morale
Le monstre est un individu dont l’apparence voire le comportement surprend par son écart avec les normes d’une société. Ses caractéristiques peuvent être physiques, morales ou intellectuelles.
Donald Trump correspond exactement à cette définition. Il a le physique de l’emploi avec sa tête orange et souvent rougie par une rage et un dédain qui ne le quittent guère. C’est aussi un être non pas immoral, mais amoral, car sa seule référence en termes de bien ou de mal est sa propre personne. Et intellectuellement, il arrive à peine à lire des textes théoriques. Il fonctionne selon son vécu et son intuition, ce qui lui permet d’instrumentaliser tous ceux qui l’entourent.
Au cours des quatre dernières années, a-t-il exprimé en public des émotions réelles devant certaines situations humainement difficiles ? On pense, par exemple, aux enfants migrants détenus dans des cages en fer. Comment traite-t-il sa famille, sa femme ou son fils autiste, par exemple ? Quant à sa fille Ivanka, qui serait la plus proche de lui, il a déjà affirmé dans une entrevue télévisée que si elle n’avait pas été sa fille, il l’aurait draguée. C’est un genre d’humour paternel pour le moins étrange, dirait-on.
DÉSACRALISATION
L’on ne peut pas prévoir ce qu’on ne peut pas imaginer. Cela explique pourquoi tous les comportements aberrants de Donald Trump, toutes ses déclarations qui oscillent entre l’obscénité et l’outrance, entre le mensonge et la diffamation, donnent à penser chaque fois que le pire est franchi. Eh bien, non. Chaque jour du règne de Trump n’a été qu’une étape dans la désacralisation de la fonction présidentielle, la déconstruction d’une institution, la violation des règles diplomatiques.
Et que dire de ses engouements pour les dictateurs et tyrans de la planète ? Donald Trump envie Xi Jinping qui a fait abolir la limitation des mandats présidentiels en Chine et pourrait demeurer président à vie. Trump s’est donné des sensations douteuses devant Kim Jong-un, président de la Corée du Nord et dernier représentant de la dynastie la plus délirante de l’histoire moderne. Le pays est un camp de concentration qui relève de la science-fiction. Il admire Vladimir Poutine qu’il croit impressionner, alors que ce dernier le méprise et demeure sidéré que Donald Trump ait pu être élu président des États-Unis.
ÉLITE DÉMOCRATE
D’ailleurs, l’élection de Trump peut s’expliquer évidemment aussi par l’arrogance de l’élite démocrate. Ses flirts avec toutes les marginalités à la mode et sa corruption de gauche caviar ont participé à son recul.
L’appui à Trump des mal-aimés, des illuminés religieux, des fascisants et des racistes peut se comprendre. Mais moins celui des immigrants latinos, des Noirs et des personnes âgées à risque face à la COVID-19. Il y a là un mystère. Comment tous ces derniers peuventils se reconnaître en Trump, le multimillionnaire asocial, mécréant, sans empathie et au discours contradictoire ?
Autrement dit, à moins qu’il existe un clone du président, il semble impensable que le trumpisme puisse survivre à Donald Trump. Mike Pence, par exemple, un illuminé religieux bien discret ces derniers jours ne sera jamais Trump. Des républicains viennent de briser la loi du silence pour se dissocier des propos effarants de Trump sur le prétendu complot ourdi contre lui. Car la démocratie, imparfaite, certes, ne peut pas se transformer en des eaux aussi malodorantes que celles imposées par Trump.