Le Journal de Montreal

Voici la route sans fin vers Manawan

- MAGALIE LAPOINTE

MANAWAN | Des Attikameks doivent conduire sur une route de gravier raboteuse de 86 kilomètres avant de pouvoir acheter du lait maternisé au rabais ou simplement se réchauffer avec un café dans un Tim Hortons.

« Elle [la communauté] est au bout d’un chemin qui ne mène nulle part. C’est un cul-de-sac. Pas juste en termes d’emplacemen­t physique, mais aussi en termes de développem­ent », assure Éric Labbé, un ancien résident de Manawan.

À partir de Saint-Michel-des-Saints, le chemin de Manawan est une interminab­le route forestière privée très utilisée pour le transport de bois.

Après avoir parcouru 86 kilomètres, on atteint la communauté : une auberge, un poste de police, un centre de santé, une radio communauta­ire, une épicerie, deux écoles, une église, un petit restaurant et un peu plus de 300 maisons.

PICK-UP RECOMMANDÉ­S

« Je suis obligée de m’acheter un véhicule en fonction de l’état de la route. Si elle était asphaltée et entretenue comme toutes les routes du Québec, on ne serait pas obligés d’avoir des camions qui nous coûtent les yeux de la tête et qu’on scrappe au bout d’un an, un an et demi », raconte Arna Moar.

Cette mère de trois enfants déplore « le kilométrag­e à faire pour acheter un paquet de couches ou du lait maternisé, parce que la sorte que notre enfant prend n’est pas disponible ici ».

Selon le vice-chef de la communauté, Sipi Flamand, l’inaccessib­ilité du chemin de Manawan est le principal facteur de la précarité de sa communauté.

« Les gens veulent que cette route-là soit beaucoup plus sécuritair­e et accessible vers les centres urbains. Ça créerait aussi du développem­ent économique pour la communauté en matière de tourisme et en matière d’autres types de développem­ents aussi », croit-il.

TROP PATIENTS

Quant à la conseillèr­e du Conseil de bande, Claudia Newashish, elle estime qu’encore une fois, la patience des Attikameks a joué contre eux dans le dossier de l’asphaltage de la route.

« Le gouverneme­nt avait dit qu’il paverait 12 kilomètres. Le ministère des Transports avait indiqué que les courbes les plus dangereuse­s allaient être pavées en premier. Il y a eu une étude pour ça. Ça va se faire quand ? Dans dix ans ? Dans vingt ans ? On est trop patients à Manawan », ajoute-t-elle.

15 ANS D’ATTENTE

Le chef Paul-Émile Ottawa, lui, a simplement perdu espoir de voir un jour le chemin de Manawan asphalté.

Le ministère des Transports l’a informé qu’un asphaltage complet pourrait être soumis au Programme des infrastruc­tures et que ça pouvait prendre jusqu’à 15 ans avant d’aboutir à une entente.

Selon lui, Manawan et le ministère des Transports sont en discussion pour que la route puisse recevoir une première couche de gravier qui servirait de fondement pour un éventuel asphaltage.

Selon les données de la Société d’assurance automobile du Québec, il y a eu 18 accidents significat­ifs qui ont fait au moins six blessés sur le chemin de Manawan dans les cinq dernières années.

 ?? PHOTOS, COLLABORAT­ION SPÉCIALE, MAGALIE LAPOINTE ?? Sipi Flamand, vice-chef de Manawan, croit que la route dangereuse qui mène à la communauté entrave le développem­ent économique et social. En mortaise, on peut voir le mauvais état de la chaussée et les panneaux de signalisat­ion à l’entrée du village.
PHOTOS, COLLABORAT­ION SPÉCIALE, MAGALIE LAPOINTE Sipi Flamand, vice-chef de Manawan, croit que la route dangereuse qui mène à la communauté entrave le développem­ent économique et social. En mortaise, on peut voir le mauvais état de la chaussée et les panneaux de signalisat­ion à l’entrée du village.
 ??  ?? Manawan est située dans la portion nord de Lanaudière, à 86 km de la municipali­té de Saint-Michel-des-Saints.
Manawan est située dans la portion nord de Lanaudière, à 86 km de la municipali­té de Saint-Michel-des-Saints.
 ??  ??
 ??  ?? SIPI FLAMAND Vice-chef
SIPI FLAMAND Vice-chef

Newspapers in French

Newspapers from Canada