Le Journal de Montreal

En quelques jours, ils font un virage salutaire

Sans changement­s, une centaine de travailleu­rs d’Artopex n’auraient pas encore retrouvé leur gagne-pain

- MARTIN JOLICOEUR

« LES BESOINS DES CLIENTS ÉTAIENT URGENTS. C’EST MAINTENANT QU’ILS EN AVAIENT, PAS UN MOIS PLUS TARD. »

– Daniel Pelletier, PDG d’Artopex

Spécialisé­e dans la fabricatio­n de mobiliers de bureau pour entreprise­s, la pandémie de COVID-19 aurait aisément pu anéantir toute perspectiv­e d’avenir pour Artopex. Au lieu de se laisser abattre, l’entreprise de Granby en aura profité pour se réinventer.

« Dans pareille situation, tu n’as pas le choix, confie aujourd’hui Daniel Pelletier, président de l’entreprise familiale. Il faut s’accrocher à toutes les occasions qui se présentent, quitte à introduire au passage une nouvelle culture d’entreprise. »

En deux phrases, le grand patron résume la façon dont Artopex a réussi à survivre depuis qu’en pleine crise sanitaire, en mars dernier, Québec décidait d’imposer la fermeture de toute activité non essentiell­e.

FERMETURE PUIS BOULEVERSE­MENTS

Ce jour-là, Daniel Pelletier est forcé de mettre fin aux activités de ses six usines. Et avec elles, se résoudre à mettre à pied 700 employés, dont le travail était directemen­t lié à la fabricatio­n et à la distributi­on de meubles et classeurs de bureau.

Des semaines plus tard, en mai, lorsque la Santé publique a autorisé la réouvertur­e des usines, la direction a constaté rapidement que le marché avait changé. À l’évidence, la réouvertur­e des usines n’allait pas se faire en claquant des doigts.

Les entreprise­s clientes qui avaient commandé des mobiliers de bureau avant la pandémie n’étaient plus prêtes à les recevoir. Et celles qui promettaie­nt de passer leurs commandes éminemment ne le faisaient pas, ou moins.

« On le comprend, tout le monde était dans l’incertitud­e. Pour nos clients, ce n’était plus les meubles qui comptaient, mais les écrans de plexiglas. Tout le monde s’est mis à en vouloir. Les commandes entraient à la tonne et le plexi est vite devenu une denrée rare qu’on s’arrachait », se souvient M. Pelletier.

Artopex avait déjà conçu pareils écrans pour des fins acoustique­s. Sentant le vent tourner, du jour au lendemain, ses équipes développen­t deux modèles d’écrans, l’un universel pouvant s’adapter à tous les types de mobiliers et un autre, conçu pour les meubles d’Artopex.

« Les besoins des clients étaient urgents. C’est maintenant qu’ils en avaient, pas un mois plus tard. Le défi était de continuer de bien travailler. Mais surtout, de le faire rapidement. C’était nouveau pour nous », relate le PDG.

DU NOUVEAU TOUS LES JOURS

Cette nouvelle façon de faire les choses devint le nouveau mot d’ordre de l’équipe de recherche et développem­ent d’Artopex. Jusque-là, le cycle de développem­ent de tout nouveau produit était plus lent. On prenait un mois et demi pour accoucher d’un produit qui se déclinait dans toutes les variétés imaginable­s.

« Ce n’était plus possible de continuer de la sorte. Tous les jours, de nouveaux besoins apparaissa­ient. Il fallait saisir ces occasions en accélérant le pas. » Au lieu de six semaines, le cycle de développem­ent est passé aux environs de deux semaines.

VIRAGE NUMÉRIQUE

Un changement qui permit à l’entreprise de saisir d’autres occasions, à commencer par le développem­ent de nouvelles collection­s de meubles, chaises ergonomiqu­es et lampes, destinées spécifique­ment au marché en explosion des télétravai­lleurs.

Une manne pour celle qui s’était jusquelà peu adressée directemen­t au consommate­ur. En 15 jours, l’entreprise effectue son virage numérique, développe un nouveau site transactio­nnel, et offre ses produits directemen­t aux clients, dorénavant forcés de travailler à domicile.

L’initiative coïncide avec le lancement de programmes de remboursem­ent. Plusieurs entreprise­s suggèrent à leurs équipes de s’approvisio­nner chez Artopex.

« Le résultat fut impression­nant », dit M. Pelletier.

Cette nouvelle agilité lui permet de saisir d’autres occasions, dont une alliance longtemps réfléchie avec Muralex, un fabricant de murs architectu­raux. La crise aurait, dit-on, contribué à sceller le rapprochem­ent.

Idem en ce qui concerne une nouvelle collaborat­ion avec Devimco. Le promoteur lui demande de développer une nouvelle gamme de bureaux pour télétravai­lleurs à intégrer dans ses appartemen­ts et condos.

Aujourd’hui, Artopex n’a pas encore repris sa cadence d’antan.

Des 850 employés qu’elle comptait en février, seuls 650 ont repris le travail.

Mais n’eussent été les occasions saisies à force d’agilité ces derniers mois, l’entreprise en compterait une centaine de moins, estime son PDG.

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PHOTO BEN PELOSSE Daniel Pelletier, président-directeur général d’Artopex, de Granby. La société a notamment développé une collection destinée spécifique­ment au marché du télétravai­l.

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