Le Journal de Montreal

L’espoir dont on a besoin

- JOSÉE LEGAULT

On l’attend depuis longtemps. Voilà qu’un trou apparaît enfin à travers les nuages de plus en plus lourds de cette saloperie de pandémie. L’espoir d’un vaccin pour 2021 se pointe à l’horizon. Alléluia !

Développé par Pfizer et BioNTech, il serait « efficace » à plus de 90 % contre la COVID-19. Ce qui, selon les experts, s’approchera­it du niveau d’efficacité du vaccin contre la rougeole. Si le tout s’avère, bien évidemment.

Sous diverses bannières, d’autres vaccins sont aussi en phase d’essai. Bref, la nouvelle est bonne. Comme quoi, lorsque des gouverneme­nts investisse­nt sérieuseme­nt dans la recherche scientifiq­ue, tout devient possible. D’autant plus en situation d’urgence mondiale.

Le moment de l’annonce tombe à point. En deuxième vague, dans plusieurs pays, le virus se propage à vitesse grand V. En Ontario et au Québec, le « plateau » des 1000 cas/jour ne redescend pas. Les décès continuent.

Au Québec, le virus gagne des régions plus éloignées. Il recommence même à frapper dans certains CHSLD. Partout, le personnel en santé et les enseignant­s sont à bout de souffle. De nombreux proches aidants, aussi.

LE « FACTEUR » HIVER

Au sein de la population, la détresse psychologi­que monte en flèche. Même les rayons bénis du soleil de cette semaine sont les bienvenus, mais trompeurs. L’hiver s’imposera bientôt.

On le sait.

Avec lui, l’isolement social et physique s’annonce étouffant.

Sans compter les risques de propagatio­n du virus par aérosols dans les lieux intérieurs peu ou mal ventilés. Y compris dans les écoles, déjà des foyers documentés de contagion dans la communauté.

Ce portrait, malheureus­ement réaliste, illustre l’importance même de l’annonce d’un possible vaccin en 2021. De l’espérance, nous en avons tous terribleme­nt besoin. Pour les gouverneme­nts, c’est toutefois une arme à double tranchant.

Voyant venir le vaccin comme un bouclier miracle, combien de gens y trouveront l’excuse pour relâcher encore plus le respect des consignes sanitaires ? Combien hésiteront à réduire leurs contacts, porter le masque, garder leurs distances, etc. ?

CLARTÉ RECHERCHÉE

Et Noël ? Qu’en fera-t-on ? S’il donne lieu à trop de rassemblem­ents imprudents, on risquera d’alimenter encore plus la propagatio­n de la COVID-19. Si tel était le cas, bonjour la troisième vague en janvier et février – les mois les plus durs de l’hiver.

En cela, la « communicat­ion » politique du gouverneme­nt, trop rarement explicitée clairement sur la base de données solides, peinera d’autant plus à tenir le coup. Du moins, si elle s’entête dans cette même direction.

De la clarté, il en faut pourtant. Plusieurs mois nous séparent de l’arrivée d’un vaccin, que ce soit celui de Pfizer ou d’autres compagnies. Personne ne sait non plus combien de temps leur commercial­isation pourrait prendre. Ni l’ordre dans lequel certaines « catégories » de citoyens y auront droit.

Bref, une lumière s’allume au bout du tunnel, mais pas tout de suite. Le combat contre la COVID-19 est loin d’être terminé. La dernière chose à faire est de baisser la garde.

Selon une source polaire bien branchée, même le père Noël aurait demandé à ses lutins de lui fabriquer un joli masque pour son grand voyage de 2020…

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En pleine deuxième vague de la pandémie, de l’espérance, nous en avons tous terribleme­nt besoin.
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