Le Journal de Montreal

Nationalis­er les CHSLD ? Vraiment ?

Ainsi, le tristement célèbre CHSLD Herron de Dorval, qui passera à l’histoire pour avoir été l’un des épicentres de la pandémie au Québec, pour ne pas dire au pays, a fermé définitive­ment ses portes.

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Et afin de s’assurer que la tragédie qui s’est déroulée dans ce centre de soins de longue durée ne se répète pas ailleurs, Québec solidaire demande au gouverneme­nt de ramener tous les CHSLD privés dans le giron public.

« C’est la seule façon de protéger les milliers d’aînés qui vivent actuelleme­nt dans les CHSLD privés », de plaider Gabriel Nadeau-Dubois.

LE BEAU SYSTÈME PUBLIC

Parce que, comme tout le monde le sait, quand l’État met la main sur un secteur, c’est tiguidou.

Regardez le CHSLD Saint-Eusèbe, à Joliette.

Quelle réussite !

Et le CHSLD Sainte-Dorothée, à Laval.

Un modèle !

Deux CHSLD publics, deux nids d’éclosion avec de nombreux décès, un personnel qui pète au frette et des dizaines de personnes infectées.

Et n’est-ce pas le gouverneme­nt qui a permis aux préposés de se promener d’un CHSLD à l’autre, contribuan­t ainsi à propager le virus et à mettre la santé de milliers de personnes en danger ?

N’est-ce pas aussi notre bon, notre valeureux gouverneme­nt qui a permis au président du groupe Katasa de gérer de nombreux établissem­ents pour personnes âgées, dont le fameux CHSLD Herron, alors que l’homme avait déjà été condamné pour des complots d’importatio­n de drogue et de fraudes, épinglé pour des infraction­s fiscales et montré du doigt par un juge pour une magouille immobilièr­e ?

N’est-ce pas le gouverneme­nt qui a dit aux gens de ne pas porter de masque au début de la pandémie, sous prétexte que ça donnait un faux sentiment de sécurité ?

Et corrigez-moi si je me trompe, mais le manger mou, le bain une fois par semaine, les lavages rapides à la débarbouil­lette, les malades entassés dans les couloirs des urgences, sans oublier le temps d’attente de 13 heures, le manque chronique de médecins de famille et les préposés en burn-out, ce n’est pas l’héritage de notre beau système public, ça ?

LA SOLUTION PRIVÉE-PUBLIQUE

Qui a dit que les CHSLD publics étaient mieux que les privés ?

Les militants de QS sont les premiers à crier « Pas d’amalgame ! ». Pourtant, il suffit qu’un drame se déroule dans un CHSLD privé pour qu’ils mettent tous les CHSLD privés dans le même panier.

Dès qu’une tragédie arrive, la réponse de ces gens est toujours la même : « Ça prend plus d’argent » et « Il faut nationalis­er ».

En octobre 2019, l’Institut économique de Montréal (IEDM) a dévoilé les résultats d’une vaste étude sur la qualité de vie dans les CHSLD.

La conclusion de ce rapport : parmi les quelque 356 CHSLD visités entre avril 2015 et mars 2017, les milieux de vie de 64 % des CHSLD privés convention­nés ont été jugés « très adéquats », soit presque quatre fois plus, en proportion, que les établissem­ents publics.

Rappelons que les CHSLD privés convention­nés sont subvention­nés par l’État. Ils reçoivent le même financemen­t que les établissem­ents publics et sont soumis aux mêmes conditions : clientèle, coûts d’hébergemen­t et conditions de travail y sont les mêmes.

Mais ce sont des entreprise­s privées qui les gèrent.

Qui a dit que le privé était toujours synonyme de « problème » ?

Et le public, toujours synonyme de « solution » ?

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