Bonne gestion de crise, mais un bémol pour les pistes cyclables
Plusieurs observateurs saluent les mesures proactives prises par l’administration Plante au début de la crise sanitaire, mais la persistance à vouloir implanter des pistes cyclables durant la pandémie à Montréal reçoit un accueil plus tiède.
« Le bon coup qui était une leçon pour les autres niveaux de gestion de la pandémie, c’est d’avoir envoyé des équipes de la Ville de Montréal à l’aéroport de Dorval [surtout devant l’inaction des autres paliers de gouvernement] », affirme Rémy Trudel, professeur à l’École nationale d’administration publique et ancien ministre québécois des Affaires municipales.
En mars, la Ville et les autorités locales de santé ont déployé des équipes à l’aéroport Montréal-Trudeau pour sensibiliser les voyageurs à la nécessité de s’isoler.
Ce faisant, l’administration Plante est allée au-delà de son champ de compétence, salue Danielle Pilette, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’UQAM.
« La mission d’une ville, c’est de oui, donner des services dans son champ de compétence, mais c’est aussi de représenter le territoire », dit-elle.
Aussi, Mme Pilette souligne l’approche « proactive » en itinérance ainsi que l’installation de corridors sanitaires au printemps.
« Là, c’était gérer la mobilité à des fins de santé publique », estime-t-elle.
IMPROVISATION
Par contre, l’implantation soudaine de pistes cyclables temporaires sur des artères importantes de la ville est critiquée.
« Ç’a été relativement improvisé », note Mme Pilette, évoquant un manque de consultation.
À tort ou à raison, certains ont eu l’impression que la pandémie était instrumentalisée pour faire avancer un programme politique, explique François Audet, professeur au Département de management de l’UQAM et directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire.
« La crise est devenue un peu la justification pour avancer un projet qui s’apparentait à de la politique et non pas à une nécessité absolue d’avoir des voies de transition rapides pour les vélos dans les plus grandes artères commerciales. Et c’est là que le bât blesse. »
Selon M. Audet, les ressources auraient dû être investies en priorité dans d’autres services, comme des installations sanitaires ou la collecte de déchets dans les parcs.
Ça ne veut pas dire la Ville a eu complètement tort en allant de l’avant avec ses rues piétonnes et ses pistes cyclables.
« L’équipe de Mme Plante a convoqué la population à développer une nouvelle ville plus conviviale », explique M. Trudel.